Soumeylou Boubèye Maïga et Mme Bouaré Fily Sissoko épinglés dans les affaires de l’avion présidentiel et d’équipement militaire :Jusqu’où ira-t-il ce nouveau rebondissement ?
Ces arrestations marquent un nouveau rebondissement dans les affaires de l’achat de l’avion présidentiel et d’équipement militaire sous l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.
Soumeylou Boubèye Maïga, qui fut de 2017 à 2019 le Premier ministre de l’ancien Président de la république Ibrahim Boubacar Keita, renversé il y a un an par un coup d’État, a été mis sous mandat de dépôt par la Cour suprême du Mali ce jeudi 26 août dans les affaires relatives à l’achat de l’avion présidentiel et d’équipement militaire ainsi que l’ancienne ministre Mme Bouaré Fily Sissoko aussi incarcérée à Bollé la prison des femmes que la justice leur reproche de fraude présumée. C’est l’avocat de l’ancien Premier ministre, Kassoum Tapo, qui a annoncé la nouvelle. Il est soupçonné « d’escroquerie, faux, usage de faux, et favoritisme », selon plusieurs sources.
Âgé de 67 ans, Soumeylou Boubèye Maïga est aujourd’hui une figure majeure sur la scène politique malienne, il a également occupé les fonctions de ministre des Affaires étrangères et de la Défense et chef des services de renseignement.
Ce que la justice lui reproche
Il est soupçonné essentiellement dans le cadre de l’achat en 2014, alors que Soumeylou Boubèye Maïga était ministre de la Défense, d’un avion présidentiel pour un montant de 20 milliards de francs CFA (environ 30,5 millions d’euros), une acquisition épinglée à l’époque par le Bureau vérificateur général (BVG), autorité malienne indépendante qui a dénoncé des pratiques de surfacturation, de détournement de fonds publics, de fraude, de trafic d’influence et de favoritisme.
Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, a aussi été inculpée et mise sous mandat de dépôt ce même jeudi pour les mêmes motifs, informe l’AFP auprès d’un magistrat. Elle a été transférée à la prison pour femmes de Bollé, à Bamako.
L’achat de l’avion présidentiel au cœur de l’affaire
Le Procureur Général près de la Cour suprême, Mamoudou Timbo, avait annoncé avant à la télévision publique que ce dossier n’était pas clos, contrairement à ce qu’avait publiquement déclaré le 19 août Soumeylou Boubèye Maïga, qui avait assuré avoir été blanchi par le classement sans suite en 2018 de l’affaire.
« À un moment donné, sous l’ancien régime, il avait été instruit au procureur de la République du pôle économique et financier d’alors de classer l’affaire sans suite. Par la suite, un autre ministre de la Justice a estimé que cette affaire ne devait pas faire l’objet d’un classement sans suite. Des enquêtes complémentaires ont été menées. Le travail judiciaire se fera », avait alors expliqué le PG au niveau de la Cour Suprême. « Il n’y a rien de plus dangereux pour la bonne santé d’une République que l’impunité », avait-il souligné.
« Cette affaire d’avion présidentiel peut éclabousser beaucoup de monde, c’est peut-être le début d’une grande lessive », a commenté un ancien haut fonctionnaire malien.
Soumeylou Boubèye Maïga est réputé disposer d’un important réseau dans les milieux sécuritaires maliens et régionaux. Il dirige l’Asma-CFP (Alliance pour la solidarité au Mali- Convergence des forces patriotiques). Il avait été contraint de quitter le ministère de la Défense en mai 2014, après une lourde défaite de l’armée à Kidal (Nord-Est) face à la rébellion touareg, souligne le point Afrique.
Nommé Premier ministre en 2017, il avait été contraint à la démission en avril 2019 après le massacre le mois précédent de quelque 160 civils peuls à Ogossagou (Centre) et suivie d’une série de manifestations contre la gestion de l’État.
L’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta a été renversé par un putsch militaire le 18 août 2020 à la suite de plusieurs mois de manifestations contre la corruption et l’impuissance de l’État face à la violence. Alors que le nouvel homme fort du Mali, le colonel Assimi Goïta, s’est engagé à céder la place à des civils, après des élections présidentielle et législative prévues en février 2022.
Mais le doute persiste, justifie à plusieurs reprises de sortie de la classe politique malienne et des mouvements associatifs quant à la faculté des autorités à tenir les échéances dans les six mois qui leur restent, tant les obstacles à surmonter sont considérables dans le pays en pleine tourmente depuis des années. La propagation djihadiste et les violences de toutes sortes vont de pair avec de graves crises politique et sociale.
La Redaction
Source: La Plume
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