Santé publique : Les blouses blanches en colère
Au sortir d’une grève de 10 jours largement observé dans les hôpitaux, les agents du CHU Gabriel Touré battaient le pavé le jeudi 6 mai pour protester contre le limogeage de leur directeur remplacé par un médecin militaire. Le Dr Abdoulaye Sanogo serait-il le bouc émissaire d’une crise récurrente au sein des hôpitaux ?
Depuis plusieurs mois, le secteur de la santé publique traverse une zone de turbulence qui peine à connaitre son épilogue à cause des échecs répétés des négociations entre syndicats et autorités. Contrairement aux autres manifestations sous-tendues par le non-respect des engagements consentis par l’Etat, celle du jeudi 6 mai, était motivé par le rejet du limogeage du directeur CHU Gabriel Touré par les agents dudit établissement. Une première dans l’histoire qui suscite des interrogions sur les vraies raisons de l’éviction du Dr Abdoulaye Sanogo. Le désormais ex directeur est devenu l’agneau sacrificiel pour exorciser l’incapacité des autorités à trouver une réponse adéquate aux multiples grèves dans le secteur de la santé publique ? C’est la question que l’on peut se poser au regard de l’attachement des agents à leur directeur en raison des améliorations qu’il a apporté.
Au-delà des arguments des agents du CHU Gabriel Touré pour justifier leur protestation contre le limogeage du Dr Abdoulaye Sanogo, cette décision des plus hautes autorités conforte les sceptiques qui accusent les membres de l’ex CNSP de vouloir s’accaparer le pouvoir d’autant plus que le nouveau promu est un médecin issu des rangs de l’armée. Cette décision qui précède celle du remplacement des gouverneurs civils et d’autres cadres de l’administration publique par des militaires rallonge de la liste des sociétés et entreprises dirigées par des porteurs d’uniforme. Au regard du nombre de porteurs d’uniforme promus ces derniers temps, on résisterait difficilement à l’envie de dire qu’une militarisation du pouvoir est en gestation. Ce qui du coup, serait un recul après plusieurs décennies d’exercice démocratique malgré le constat d’échec des politiques dans de nombreux domaines. Si les slogans scandés par les manifestants du 6 mai et relayés sur les réseaux devaient faire foi, les raisons du limogeage du Dr Abdoulaye Sanogo sont à chercher en dehors du domaine professionnel et seules les autorités peuvent édifier le citoyen lambda. Quoi qu’il en soit, l’opposition des blouses blanches à la décision de limogeage de leur directeur laisse planer le spectre d’un nouveau bras de fer dont les usagers et patients vont faire les frais.
A défaut de trouver une solution définitive aux grèves récurrentes dans le secteur de la santé publique, ceux qui sont aux affaires aujourd’hui auraient pu faire économie d’une tension supplémentaire dont le pays pouvait bien se passer en cette période de crise multiforme exacerbée par la pandémie de la Covid 19. En vue d’apaiser le climat social, les autorités ne doivent –elles pas privilégier le dialogue et la concertation afin de diminuer le nombre de frustrés et de mécontents ?
La rédaction
Source: La Relance
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