Abandon de la population : Plus qu’un sentiment, une triste réalité !: De l’éclatement de la crise sécuritaire à nos jours, les discours tenus par les autorités peinent à traduire la réalité que traverse l’ensemble du pays en général et les zones soumises au diktat des groupes armés de tout genre. Faut-il y voir une fuite en avant ou une déconnexion des gouvernants de la réalité ?
Lors de sa récent tournée dans certaines régions du Nord , le PM, dans un souci d’apaisement et de solidarité avec les populations a cru bon de qualifier de sentiment l’abandon dont elles font l’objet depuis l’éclatement de la crise multiforme. En voulant rassurer les populations sur le soutien de l’Etat, le Premier ministre Moctar Ouane a, sans le vouloir remuer le couteau dans la plaie en disant qu’il comprend le sentiment d’abandon qui les anime.
Malgré l’absence de l’Etat dans une grande partie du territoire, les plus hautes autorités du pays persistent à faire passer l’abandon de la population pour un simple sentiment. Après l’époque où l’on qualifiait l’insécurité de résiduelle, l’heure est au déni et à la minimisation de la rigueur du quotidien des populations désemparées et soumises au diktat des terroristes. Cette perception ni plus ni moins erronée de la situation sécuritaire qui prévaut depuis longtemps, est loin d’être la réponse au cri de détresse des populations qui n’ont (à défaut de fuir) d’autres alternatives que de se plier aux volontés des groupes qui sèment la mort et la désolation. Quel nom peut-on utiliser pour nommer l’état d’une personne privée des services sociaux de base et ne bénéficie pas de la protection effective de l’Etat ? Aussi triste que déplorable, l’abandon de ces populations n’est pas un sentiment, mais une réalité. Malgré tous les efforts fournis par les plus hautes autorités et l’ensemble des partenaires, le redéploiement de l’Etat, gage de la stabilité et d’une protection contre toutes formes d’agressions se fait encore attendre dans de nombreuses localités du pays avec des conséquences incommensurables sur la vie des populations. Ecoles fermées, récoltes détruites, bétails emportés, villages brûlés sont entre autres la vie que les ennemis du vivre-ensemble ont imposé sur une bonne partie de notre territoire. En dépit des efforts que l’Etat fournisse en permanence pour ramener la paix et la stabilité, on peut se demander s’il a pris la mesure de la gravité de la situation au regard de l’usage des qualificatifs qui ne reflètent pas la réalité. Sans être alarmiste, les plus hautes autorités doivent faire des efforts au moment du choix des mots. La victoire de la bataille contre le terrorisme passera nécessairement par la mutualisation des forces mais aussi par l’unicité et le partage de la même perception de l’état de la nation et de l’ampleur des dégâts. Tel un roseau, le peuple Malien pliera mais ne romprera pas face à l’adversité.
Que Dieu bénisse le Mali
La rédaction
Source: La Relance
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