Présence des forces étrangères contestée au Mali:Pourquoi la révolte populaire ne s’affaiblit pas au centre ?
La Minusma ne cesse de renforcer depuis des mois sa présence dans le centre du Mali, région qui connaît depuis plusieurs années une escalade des attaques djihadistes et des violences intercommunautaires, en inaugurant un nouveau “secteur centre”, notamment afin de “mieux protéger les civils”. Ce prétexte pour les forces étrangères de maintenir leur présence au Mali n’arrive aucunement de convaincre les populations déchainées des régions de Mopti et de Ségou. Les populations anéanties dans leur droit de sécurité et de libre circulation continuent de contester la présence des forces étrangères au Mali.
Depuis l’apparition en 2015 dans cette région du groupe djihadistes du prédicateur Amadou Koufa, qui recrute prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se sont multipliés entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l’agriculture et qui ont créé leurs “groupes d’autodéfense. C’est exactement la raison qui justifie la présence des forces françaises assistées par les troupes venant des autres pays du monde. C’est bien dans le cadre de la lutte contre le terrorisme que les forces étrangères sont présentes et opèrent au Mali. Les Maliens à l’arrivée de l’armée française étaient animés de joie immense tout en fondant sur cette force l’espoir de se débarrasser des emprises terroristes.
Cette présence des militaires français dans le sahel plus précisément au Mali serait peine perdue, selon nombreux observateurs au sein des populations qui ont vu les choses tourner en défaveur des paisibles citoyens. Malgré la présence des forces étrangères, les populations civiles et militaires de notre pays sont incessamment endeuillées suite aux attaques terroristes dans le centre du pays. Voilà une panoplie de raisons qui justifient sans doute la révolte populaire dans le centre du Mali contre le mode d’opération, voire la présence des forces étrangères au Mali.
La semaine dernière, plusieurs localités du centre tel que les villes de Koro, de Douentza, de Bandiagara en passant par certaines sous-préfectures de Ségou ont manifesté leur indignation contre la Minusma et ses alliés. «Les attaques sont orchestrées à quelques kilomètres des quartiers généraux de la Minusma qui n’envisage nullement les initiatives de repousser les djihadistes », nous a confié un habitant de Korientzé dans le cercle de Mopti avant de lancer son cri de cœur aux autorités maliennes de contraindre les forces étrangères à travailler dans l’intérêt supérieur du peuple malien ou quitter le territoire malien.
Selon les responsables des forces étrangères, toutes les possibilités sont entrain être envisagées pour sortir le Mali de cette ornière. Pour cela, disent-ils, il n’y a plus de demi -mesure pour aider le Mali à retrouver son climat sécuritaire d’antan. « Aujourd’hui, j’ai remis le drapeau de l’ONU au nouveau secteur Centre. Cela symbolise le transfert de pouvoir au quatrième secteur de la Force de la Minusma, qui couvrira la région de Mopti. C’est une partie importante de l’augmentation de nos efforts dans le centre », a déclaré sur Twitter le commandant de la force de la Minusma, le lieutenant-général Dennis Gyllensporre.
La création de ce secteur de la Minusma, initialement implantée dans le nord du pays, “permettra une meilleure coordination” avec les forces armées maliennes pour “mieux protéger les populations civiles et favoriser le retour de l’autorité de l’Etat et de l’Etat de droit dans la région”, a commenté la Minusma, également sur Twitter avant de laisser entendre que les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre de l’an passé attribué à des chasseurs dogons, de quelques 160 Peuls dans les villages du centre, près de la frontière avec le Burkina Faso. Depuis lors, les tueries ont continué, avec les morts d’hommes incessantes.
Pour cette région, la Minusma a développé un “plan d’urgence” baptisé Oryx, dont la “première priorité” est de “multiplier les patrouilles dans les zones sensibles pour que la présence soit visible, qu’elle rassure, qu’elle dissuade et qu’elle anticipe”, a expliqué le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif dans ses dernières sorties.
Sidi Bakayoko
Source: La RELANCE
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