Elections législatives 2020: Sur fond de dissensions
Après l’annonce de la date du premier tour des élections législatives, la classe politique laisse éclater au grand jour ses contrastes et ses divergences. Tandis que les partis politiques se mettent en ordre de bataille pour la conquête de l’hémicycle, les voix discordantes se font entendre aussi bien au sein de la majorité qu’au sein de l’opposition.
Pour le président du Sadi, le climat d’insécurité qui a justifié le report des législatives en 2018 est toujours d’actualité. Un élu de la région de Mopti a abondé dans le même sens. Pour lui, la situation sécuritaire dans sa région est loin d’être propice à la tenue d’une élection aussi capitale pour les populations locales. Au sein de l’URD, des voix s’élèvent pour dénoncer la précipitation du régime à tenir les élections malgré la dégradation de la situation sécuritaire. La convocation du collège électoral dans toutes les régions du pays incline à penser que le gouvernement, de toute évidence ne partage pas les craintes exprimées par certains acteurs de la vie politique malgré la triste réalité du quotidien de plusieurs localités du pays. Ce qui fera dire certains opposants que la précipitation du gouvernement ne vise qu’à réaliser un « capo » électoral et le tiennent responsable d’une éventuelle crise postélectorale dont le pays n’a nullement besoin. Au-delà de toutes les craintes exprimées par les uns et les autres par rapport à la situation sécuritaire et aux faiblesses de l’organisation des élections, car l’on constate que la tenue des élections législatives après deux prorogations est un véritable soulagement pour l’ensemble de la classe politique. Pris à parti par l’opinion nationale, opposition et majorité n’ont d’autre choix que de doter le pays d’institutions légitimes conformément aux dispositions de la constitution. L’heure n’est plus à la recherche de bouc émissaire encore moins au dressage de l’état sécuritaire du pays, mais à la conjugaison des efforts afin de minimiser les désagréments du processus. Depuis fort longtemps, la classe politique s’est confortablement installée dans la logique des élections à la carte au détriment du droit des populations dans les zones d’insécurité. Les élections programmées pour le mois de mars respectent la même logique avec comme seule différence la réduction dramatique de la carte des zones propices à la tenue d’une élection. La récurrence de la question sécuritaire à l’approche des élections suscite des interrogations. L’intérêt de la population est-il au cœur des préoccupations de la classe politique. Il est bon, voir légitime de faire porter le chapeau de la situation sécuritaire par l’Etat dont la mission est la protection des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire, mais au regard du faible travail de sensibilisation de l’opposition et sa participation à minima dans la stabilisation du pays, on résisterait difficilement à la tentation de dire que la responsabilité est partagée. Les élections de mars seront à coup sûr des élections quelconques avec un taux de participation certainement plus faible que les précédentes, pour autant, il revient aux acteurs de faire en sorte qu’elles ne soient pas source de conflit.
Bouba Sankaré
Source:Le FORUM
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