Grève des enseignants :Vers le point du non-retour ?
Le Premier ministre et ministre des finances, Dr Boubou Cissé, menace de recruter 1500 nouveaux enseignants issus des IFM si dans les deux semaines les grévistes ne regagnaient pas leurs postes.
Cette annonce qui fait suite à une série de rencontres stériles entre le gouvernement et grévistes, marque un nouveau tournant dans le bras de fer qui paralyse l’école publique depuis un certain temps. Après le sauvetage in extrémis de l’année scolaire passée, ceux qui croyaient que l’école avait fini avec les scénarios catastrophes, doivent encore s’armer de patience à cause de cette décision qui n’est ni moins ni plus que le signe de la rupture du dialogue entre les deux camps. En attendant l’expiration de l’ultimatum du PM, tous portent à croire que les enfants seront une fois de plus, les innocentes victimes de la gestion approximative des crises par le régime IBK.
La tournure prise par la grève des enseignants rappelle à bien des égards celles des magistrats et des agents de la santé pendant le premier mandat, toutes marquées par des menaces, d’intimidations et de campagnes médiatiques par les autorités pour discréditer afin de briser les grèves ou manifestations. Après avoir réfuté la légitimité de la revendication des enseignants relative à 20 % d’augmentation accordé aux agents relevant du statut général de la fonction publique sous prétexte que les enseignants grévistes ont un statut particulier, le gouvernement brandit maintenant l’argument des dépenses sécuritaires. Un argument qui ne convainc visiblement pas, tout comme la trêve sociale demandée par le président de la république. Pourrait-il en être autrement au regard du train de vie de l’Etat et la vague de rumeur relative aux indélicatesses de nombreux cadres et responsables du pays. Comment peut-on convaincre une catégorie de la population que les caisses de l’Etat sont vides pendant que d’autres en mettent plein les poches en toute impunité ? Malgré les multiples arrestations effectuées par le Pôle économique, les rumeurs de nouveaux détournements de deniers publics ne faiblissent pas.
Le bras de fer entre le gouvernement et les enseignants grévistes est sous-tendu par un manque de confiance accentué par la gestion au relent de négligence des doléances. Pour rappel, les enseignants ont mis à profit les vacances de l’année scolaire passée pour rencontrer les acteurs de l’école afin d’anticiper sur d’éventuelles dissensions sans succès. En l’état des choses, l’ultimatum du PM n’est pas la meilleure solution pour parvenir à un apaisement. Le PM gagnerait à utiliser son énergie à la restauration de la confiance en s’attaquant aux fonctionnaires indélicats qui annihilent tous les efforts qu’il a consentis pour améliorer le quotidien du Malien. Le peuple a le droit de demander la lune, les dirigeants ont l’obligation de trouver l’alchimie appropriée pour le satisfaire !
Bouba Sankaré
Source:Le FORUM
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