Dialogue National Inclusif : Quel sort pour les résolutions ?
Après une semaine d’échange, le dialogue national inclusif s’est achevé dans une ambiance bon enfant si l’on en juge par les applaudissements nourris qui ont accompagné les discours successifs.
Participants, organisateurs et invités ont tous exprimé leur satisfaction et émis le vœu et l’espoir d’une mise en œuvre à cours, moyen et long terme des quatre résolutions issues des travaux à savoir : la tenue des élections législatives d’ici mars 2020, l’organisation d’un référendum visant la révision de la constitution de 1992, la mobilisation de toutes les ressources pour le retour de la paix et la cohésion sociale et enfin, la vulgarisation de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Aux dires des participants, ces quatre résolutions constituent le socle sur lequel sera bâti le nouveau Mali. Au-delà de la faiblesse et de l’inopportunité de certaines de ces quatre résolutions, c’est le sort qui leur est réservé qui suscite des interrogations. Ces questionnements sur la suite à donner aux résolutions est plus que légitime d’autant plus que le discours de clôture du président de la république est loin d’être rassurant : « …j’ai promis quant à moi, de faire tout ce qui me sera possible dans les conditions de la loi, dans l’intérêt supérieur de la république de faire pour que les résolutions issues de vos travaux validées soient appliquées et leur mise en œuvre attestée par le mécanisme de suivi que vous aurez souverainement mis en place. Je le fais, car je saisis tout l’enjeu de l’exercice que vous venez de conduire avec brio et maturité… »
Malgré le tonnerre d’applaudissement qui a accompagné cette déclaration, force est de constater que le président IBK a soigneusement évité de prendre l’engagement solennel pour la mise en œuvre des résolutions et n’a pas conféré au DNI, le caractère souverain réclamé par l’opposition. L’enjeu de l’exercice que participants et organisateurs ont conduit avec brio et la maturité qu’il dit mesuré, n’aura pas suffi pour obtenir un engagement solennel du président ! A défaut de renforcer le doute sur sa volonté de mettre en œuvre les résolutions du DNI, ce refus entretient le scepticisme des absents surtout quand séance tenante, les responsables du futur comité de suivi de la mise en œuvre des résolutions sont nommés. Au-delà de la volonté du président de conserver le monopole de la mise en œuvre des résolutions, l’absence de l’opposition et de nombreuses associations de la société civile constitue un obstacle de taille pour la mise en œuvre des résolutions issues du DNI.
Considéré comme source d’apaisement du front social et la décrispation du champ politique, le dialogue national inclusif donne les signes annonciateurs d’une dissension future dont on aurait pu faire économie avec une meilleure organisation et l’engagement solennel du président de la république, Ibrahim Boubacar Keita. Malgré l’importance indéniable des résolutions retenues, le DNI laisse un arrière-gout d’inachevé pour n’avoir pas pris suffisamment en compte les préoccupations qui sont au cœur de la dissection politique récurrente dont les crises postes électorales, la menace de partition (réelle ou fictive ) qui plane sur le pays et dans la moindre mesure, la restauration de la confiance entre gouvernants et gouvernés. Etait-ce une simple opération de communication pour légitimer la révision constitutionnelle si chère aux yeux du président malgré que le pays soit en guerre comme les opposants ont dénoncé ou la mise en chantier du nouveau Mali ? L’avenir nous édifiera. Cependant la division de la classe politique qui n’est plus qu’un secret de polichinelle ne laisse aucune place à la réalisation de l’union sacrée, condition indispensable à la mise en œuvre des résolutions.
Bouba Sankaré
Source:Le FORUM
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