24ème édition de l’espace d’interpellation démocratique :L’expression d’une démocratie interactive partagée, mais sans impact sur la croissance de l’injustice sociale au Mali.
Crée en 1994, l’espace d’interpellation démocratique (EID) constitue aujourd’hui l’une des grandes satisfactions, et mieux une fierté de la démocratie malienne. Espace d’échanges entre gouvernants et gouvernés sans intermédiaire, l’EID suscite un engouement qui ne faiblit point malgré le poids des années et la multitude de défis.
Ce qui est à l’honneur des régimes successifs qui lui ont accordé une attention particulière. 2019 consacre la 24ème édition qui a enregistré une hausse des interpellations par rapport à l’année précédente. Toute chose qui dénote la bonne santé de cet outil démocratique qui doit inspirer les autres pays du continent d’une part et de l’intérêt grandissant de la population d’autre part. Malgré la situation particulière du pays marquée par une insécurité sans précédente, la 24èmeédition, la commission d’organisation de l’EID a reçu 246 dossiers d’interpellation dont 38 ont fait l’objet d’une lecture publique. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. La croissance du nombre d’interpellations au fil des éditions traduit aussi la soif de justice sociale des gouvernés. Aussi diverses que variées, toutes les interpellations enregistrées au cours de cette 24ème édition convergent vers le même but, à savoir : la réparation d’une injustice sociale d’ordre individuelle ou collective. Chaque année ce sont des nombreux citoyens confrontés aux indélicatesses avérées de l’administration qui choisissent l’espace d’interpellation pour exposer les préjudices subis devant qui de droit. L’EID est indéniablement l’expression d’une démocratie interactive partagée mais sans impact sur la croissance de l’injustice sociale. En témoigne le nombre croissant des interpellations qui semble faire la fierté des organisateurs. Spoliations, abus de pouvoir, trafic d’influence… sont entre autres des actes constitutifs de la violation de droits qui font l’objet des interpellations à chaque édition. Toute chose qui incline à penser que les plus hautes autorités du pays ne tirent pas suffisamment profit de l’EID pour améliorer la gouvernance. Au-delà de l’opportunité qu’offre l’EID au citoyen lambda de s’adresser de vive voix aux plus hautes autorités du pays, cet outil démocratique doit servir de jauge aux gouvernants pour mesurer l’ampleur de la soif de justice des gouvernés afin de prendre des mesures adéquates. Vivement la 25ème édition !
Bouba Sankaré
Source:Le FORUM
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