Lutte contre le terrorisme au Sahel :Le G5 sollicite une participation plus accrue de l’Europe
En marge des funérailles des soldats nigériens dont l’assassinat lâche et barbare a été revendiqué par l’Etat islamique au grand Sahara, les présidents des pays du G5 Sahel ont tenu un sommet extraordinaire au cours duquel ils ont sollicité une participation plus accrue de l’Europe.
Ce souhait exprimé sur les médias par le président Burkinabé et président du G5 Sahel traduit si besoin en est, la reconnaissance l’incapacité des forces étrangères venues en renfort aux armées locales par les présidents du G5 à répondre à souhait aux attentes. Manque de volonté ou question d’agenda ?
En tous les cas, c’est cette incapacité que la population n’a jamais cessé de dénoncer par des moyens certes condamnables mais évidente à cause du rallongement permanent de la liste des victimes civiles et militaires et l’extension de l’insécurité aux pays qui étaient épargnées. Devant le deuil permanant imposé par les terroristes à leurs populations, les présidents du G5 n’avaient d’autres choix que de prêter une oreille attentive à l’appel de détresse de leur peuple. Contrairement à leur peuple, ils l’ont fait savoir aux partenaires d’une manière empreinte de courtoisie tout en réaffirmant leur attachement au partenariat mais d’une manière plus accrue. Au-delà de la France, les présidents du G5 ouvrent la porte à l’Europe. A moins de vouloir défoncer une porte ouverte, le président Macron trouvera certainement la réponse à son « invitation de clarification » dans cette déclaration qui veut une participation plus accrue de l’Europe. Au regard de la détérioration de la situation sécuritaire dans les pays du G5, aucune aide ni aucun partenariat ne sera de trop. Cependant, l’efficacité sera le critère d’appréciation, car aussi précieuse et indispensable soit-elle, une aide ne vaut que par l’amélioration de la situation pour laquelle elle est sollicitée. Aujourd’hui, le bilan macabre en hausse permanente ne milite pas en faveur des forces étrangères en général et Barkhane en particulier, présentes sur le théâtre des opérations. En l’espace de deux mois, le Mali a perdu 140 soldats, la France en a perdu 13 au cours d’une seule opération et le Niger a enregistré 71 morts soit l’attaque la plus meurtrière de son histoire. Autant l’intensification des attaques terroristes est une triste réalité, autant l’inefficacité de la Minusma et de Barkhane soulève des interrogations qui justifient la colère populaire perçue à tort comme l’expression d’un rejet de l’aide extérieure par les populations du G5 avec l’onction officieuse des gouvernants. Cette approche largement relayée par les médias locaux et internationaux qui a fini par investir certaines sphères de décisions, est la plus mauvaise lecture du défi sécuritaire au Sahel qui cache la gestion à minima des forces étrangères par rapport à la capacité dont-elles sont créditées. A défaut d’une participation de la force Barkhane à la hauteur de son équipement, l’option européenne parait juste et opportune même si cela confirme davantage l’exclusion des armées locales faute d’équipements et de formations adéquates. A moins de placer la question de l’équipement et de la formation des armées locales au cœur des stratégies de lutte contre le terrorisme l’idée tant redoutée de la sous-traitance de la sécurité du Sahel sera une réalité palpable avec le risque accru d’un embourbement dont les populations payeront le plus lourd tribut. L’invitation de clarification de Pau, reportée au 13 janvier 2020 est une occasion inouïe que chaque partie doit mettre à profit non pas pour conforter un paternalisme quelconque ou pour s’accuser mutuellement, mais pour jeter un regard critique sur l’ensemble des questions liées à la sécurité au Sahel y compris la présence de Barkhane et la colère populaire dont elle fait l’objet. La victoire sur le terrorisme passe par la cohésion de tous les acteurs.
La rédaction
Source:La Relance
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