Mouvements syndicaux :La fin d’une époque !
A l’issu des travaux ce 137ème congrès de l’UNTM, Yacouba Katilé a été reconduit au poste de secrétaire général par les congressistes venus de tout le pays. Admiré pour son engagement et sa détermination pour la défense des droits des travailleurs, la reconduction de Katilé a pris une allure de plébiscite. Cette victoire éclatante de Katilé, qualifiée d’historique a enregistré la présence de près de deux cents délégués et de nombreux officiels.
Au-delà de la sérénité et de la cordialité qui ont prévalu au sein de l’UNTM, ce 137ème congrès offrait l’occasion de jeter un regard sur l’ensemble des mouvements syndicaux du pays au moment où l’action syndicale suscite des commentaires de tout genre. Injustifiée pour les uns et excessives pour d’autres, l’action syndicale est devenue depuis un certain temps un immense calvaire pour la population à cause de sa récurrence d’une part mais aussi pour l’inflexibilité des acteurs. L’ampleur du phénomène et la paralysie du pays suscitent des interrogations. Les mouvements syndicaux sont-ils à la solde d’autres acteurs dont l’agenda est politique ? La mauvaise foi du gouvernement serait-elle à la base de l’intensification de l’activité syndicale ? Sommes-nous la fin du syndicalisme corruptible ?
La crise sécuritaire n’ayant pu tempérer l’ardeur des uns et des autres, ces quelques questions méritent des réponses.
Au regard de l’inflexibilité des syndicats et de la gestion des doléances par le gouvernement, on peut dire que la situation explosive du front social tient de la mauvaise foi du gouvernement, de l’ambigüité des syndicalistes et enfin la fin de l’époque des syndicats corruptibles. A première vue, cette approche de la situation renvoie dos à dos syndicalistes et gouvernants. Cependant tous les éléments convergent vers une seule conclusion : la suspicion ! Au Mali, la crise multiforme a instauré un climat de méfiance généralisé sur fond de soupçon exacerbé par les mauvais choix politiques « autonomisation des syndicats » et des pratiques ambiguës « diviser pour mieux régner ».
Comment croire à la pauvreté d’un gouvernement qui s’adonne à des dépenses onéreuses perçues comme inopportunes ? Et comment ne pas voir un adversaire politique derrière un syndicat inflexible sur des doléances impossibles à satisfaire ? Le bras de fer entre syndicats et gouvernement tient d’une crise de confiance qui s’est renforcée avec le temps et au fil des échéances non respectées, pourtant issues de négociations. Les rumeurs sur l’usage des fonds publics et les nombreux dossiers du VGAL qui dorment dans les tiroirs ne militent pas en faveur du gouvernement. Bien au contraire, elles accréditent la thèse de la mauvaise foi soutenue par les syndicalistes. Le socle de toutes bonnes collaborations étant la confiance, le gouvernement doit en toute priorité s’investir dans le rétablissement de cette confiance dont l’effritement constitue à n’en pas douter, l’obstacle majeur à l’apaisement du front social.
La rupture du dialogue au plan social et politique est une triste réalité engendrée par la crise de confiance qui s’est enracinée entre les différentes composantes de la société à cause du contraste saisissant entre le discours et le comportement des autorités. Le sentiment d’être manipulé est le plus largement partagé. C’est sans doute la raison qui justifie l’inflexibilité des mouvements syndicaux et les groupements sociaux. Aujourd’hui, la restauration de la confiance passe par une démarche équilibrée et équitable de l’Etat en arrêtant d’entretenir et d’alimenter l’ambigüité sur les ressources.
Bouba Sankaré
Source:Le FORUM
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