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Les coupures d’électricité intempestives pendant les périodes de chaleurs ne surprennent aucun Malien. Bien au contraire, elles se sont devenues une tradition. À défaut d’alternative, chacun s’y accommode non pas sans peine. Malgré les discours sur les enjeux de l’énergie et l’annonce des fausses bonnes nouvelles relatives à la fin des délestages, la question de l’énergie reste cruciale dans notre pays à cause de l’incapacité chronique de l’EDM à assurer l’approvisionnement des abonnés. L’EDM qui est depuis l’indépendance détient le monopole de la fourniture du pays en électricité  peine à montrer un nouveau visage adapté aux besoins des consommateurs. Délestage, coupures intempestives sont depuis fort longtemps devenus sa marque déposée. Contrairement aux autres années ou la baisse du niveau d’eau était évoquée pour justifier les désagréments en période de chaleur, cette année, c’est le gouvernement  qui ne parvient pas à financer la dotation en carburant de la société. Du moins, c’est que croient savoir  certains medias de la place. Quelque soit la, ou les raisons, le délestage du moment ne surprend guère quand on sait que l’actuel ministre de l’énergie est plutôt préoccupé par le renforcement de son pouvoir que d’apporter des solutions à la crise énergétique qui s’annonce en ce début de chaleur. N’ayant certainement  pas assez à faire à la tête de son département ministériel, le ministre Wagué a convoité et obtenu le siège de président du conseil d’administration d’EDM au mépris de l’interdiction du cumul de fonction.  Avec cette double casquette, il devient alors juge et partie  d’un département qui a tant de défis à relever dans le domaine de l’énergie en général et du renforcement des acquis en particulier.

Au-delà des désagréments causés par les délestages au plan économique et social, le silence des plus hautes autorités face à la mainmise du ministre sur l’EDM fait planer le doute sur la volonté du président de la République d’apporter des réponses adéquates au problème énergétique. Quelle option de développement  peut-on envisager dans un pays sans énergie  avec un ministre qui se bat pour renforcer sa position ? Cette question ne semble pas effleurer l’esprit des responsables du pays qui, par leur silence, semblent s’accommoder de la mauvaise gestion et de la contreperformance du directoire et du ministère de l’énergie.  La récurrence des délestages et coupures intempestives est la conjugaison  de plusieurs facteurs structurels : organisationnelle ou manque de volonté politique, managérial. La question sur le mauvais état de l’EDM ne se pose plus  au regard du cumul de défaillance  dans la gestion de la plus grande société dévolue à la fourniture d’électricité dans le pays. Privatisation, puis reprise de l’EDM, interconnexion avec la Côte d’Ivoire, projet de construction de barrages  hydroélectriques  sont entre autres des efforts consentis par les différents régimes pour améliorer l’approvisionnent du pays en électricité. Ces efforts n’ont  visiblement pas empêché que l’EDM se met en mode délestage pendant chaque période de chaleur. Avec un double casquette, l’actuel ministre de l’énergie pourra-t-il relever le défi ? On résisterait difficilement à la tentation de répondre à cette question par la négative quand sait que double casquette est synonyme de dispersion des efforts et par conséquent inefficacité. L’espoir de mettre fin aux coupures intempestives et aux délestages ne pouvant être à l’ordre du jour, la question est de savoir quelle proportion elles prendront dans l’avenir avec la croissance permanente du nombre d’abonnés.

Bouba Sankaré

Source:Le FORUM