Grève des enseignants : le bras de fer entre le gouvernement et la partie syndicale durcit
Après plus d’un mois de bras de fer, la détermination des enseignants ne faiblie pas. Sur 10 points de revendications, gouvernement et syndicats des enseignants peinent à trouver un accord sur quatre. Relecture immédiate des statuts, prime de logement et l’accès aux services centraux pour tous les enseignants y compris ceux de la fonction publique des collectivités, sont entre autre des points de blocage que les deux parties n’arrivent pas à surmonter.
Aux yeux du syndicat, ces demandes ne sont pas au- dessus des forces du gouvernement, mais estime-t-il y a simplement un manque de volonté. Faux, rétorque le gouvernement. Le blocage viendrait de la nature de certaines revendications qui viole les dispositions de la décentralisation en cours dans le pays depuis fort longtemps. Quel que soit la légitimité des uns et des autres, il est loisible de constater que l’école malienne est au cœur d’une guerre d’usure qui la précipite vers l’abîme. Tout compte fait, quel que soit l’issu du bras de fer, il n’y aura pas de vainqueur car le niveau à l’école aura passé de la médiocrité au nul. L’échec des médiations et des négociations et la détermination des protagonistes, réduit à néant tous les discours politiques et les déclarations de bonnes intentions en faveur de la jeunesse. A quelle jeunesse le président a-t-il dédié son second mandat ? Celle qui va à l’école ou celle dont l’avenir est pris en otage par l’incapacité d’un gouvernement incapable de trouver des réponses adéquates à une revendication syndicale ?
L’école malienne est dans la tourmente à cause peut-être des états d’âme, mais ce qui est indéniable, c’est la violation déguisée du droit à l’éducation par les protagonistes dont l’intransigeance traduit le manque de considération par rapport aux conséquences d’une grève sans fin.
Faut-il sacrifier certaines dispositions de la décentralisation qui font obstacles à la satisfaction des enseignants ou sacrifier l’avenir de milliers d’enfants pour préserver un programme politique qui est sensé améliorer l’administration du pays ? C’est la question qui mérite d’être posée aux uns et autres.
L’Etat malien n’étant pas une référence en matière de respect des lois, la préférence du syndicat des enseignants sera forcément pour la première option. Pour une bonne partie de l’opinion nationale, la satisfaction des doléances des enseignants aux détriments de certaines dispositions de la décentralisation ne serait qu’une entorse de plus aux lois de la république. Cette approche qui s’impose aujourd’hui comme la solution au blocage s’apparente à la boîte de Pandore dont l’ouverture engagera le pays dans une aventure aux conséquences incalculables. Aujourd’hui, il est urgent que les uns et les autres trouvent le chemin de la sagesse. La relecture du statut et l’accès aux services centraux de l’Etat qui constituent les principaux points de blocage ne sont pas insurmontables. Il faudrait aller au-delà des ressentis pour explorer dans le sens d’un mécanisme permettant le changement de statut dans un cadre règlementé et assorti de critères. Cependant, il faut garder à l’esprit que toutes décrispations dépendront de la volonté de tous les acteurs. Placer l’école au-dessus de tous est certainement la meilleure expression de cette volonté.
La Redaction
Source: LE FORUM
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