EXPORTATIONS DES PRODUITS MALIENS VERS LES USA : Les opérateurs économiques maliens ne tirent pas profit de l’AGOA
L’amer constat que les opérateurs économiques maliens ne tirent pas profit de l’AGOA. C’est ce qui ressort d’un atelier d’information organisé, le mercredi 31 octobre 2018, par le Comité national AGOA et la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM).
Les produits d’exportation du Mali étant essentiellement l’or, le coton, les engrais et les animaux vivants ne sont vendus qu’en Afrique. Cela est dû au fait que notre pays n’exploite pas judicieusement les préférences commerciales sur le marché mondial et particulièrement aux Etats unis que lui confère son statut de pays moins avancé. En 2014, malgré l’admission du Mali en 2002 au bénéfice de la Loi sur la Croissance et les Opportunités en Afrique « African Growth and Opportunity Act » (AGOA), les Etats unis d’Amérique représentent pour environ 0,5 % des exportations maliennes contre 3,8 % des importations. Ce qui sous-entend que le Mali ne tire pas profit des préférences commerciales obtenues à travers divers cycles de négociations commerciales au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les exportations maliennes vers les Etats Unis d’Amérique sont restées insignifiantes. L’AGOA n’a pas permis au Mali d’accroître ses exportations vers les USA. Pour remédier à cette insuffisance du Mali sur le marché américain, le Comité national AGOA, en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, a organisé le mercredi 31 octobre 2018 un atelier d’information et de sensibilisation sur l’AGOA à l’intention des opérateurs économiques maliens. La cérémonie d’ouverture de cet atelier était présidée par Youssouf Bathily (président de la CCIM) qui était entouré de Hannah Akinbiyi (Conseillère économique et commerciale de l’ambassade des Etats unis au Mali) et de Lanfia Camara (Président du Comité national AGOA).
La Loi sur la Croissance et les Opportunités en Afrique ou « African Growth and Opportunity Act » en Anglais (AGOA) est un programme de préférence commerciale érigé en législation américaine qui a été adoptée par le Congrès et signée en Loi en mai 2000. L’AGOA est une loi qui ouvre volontairement l’accès sans tarifs au marché américain à près de 7 000 produits originaires des pays africains bénéficiaires en contrepartie de l’engagement de leurs gouvernements en faveur des politiques de libéralisation du marché, de la bonne gouvernance et de la démocratisation. Et cette loi est le produit des efforts du gouvernement américain visant à donner une nouvelle orientation à sa politique commerciale avec l’Afrique jusqu’au 30 septembre 2025. Malheureusement, le Mali n’exploite pas judicieusement les préférences commerciales sur le marché des Etats unis que lui confère son statut de pays moins avancé. Ce qui fait que les exportations maliennes vers les Etats Unis d’Amérique sont restées insignifiantes.
Lanfia Camara : « Le Mali, à l’instar de beaucoup de pays africains, n’a pas tiré profit d’énormes possibilités offertes par l’AGOA »
Lanfia Camara, président du Comité national de l’AGOA, de rappeler cette insuffisance des produits d’exportation du Mali sur le marché américain. « Le Mali, à l’instar de beaucoup de pays africains, n’a pas tiré profit d’énormes possibilités offertes par l’AGOA. Aussi, le Comité national AGOA a estimé que tenir un atelier pour revisiter la stratégie d’AGOA, pour apprendre aux opérateurs économiques comment bénéficier de l’AGOA paraît opportun de nos jours. Surtout que, de retour de Washington, la délégation malienne conduite par le président de la CCIM a eu l’agréable surprise de constater l’engouement des autorités américaines pour cette loi de l’AGOA qui est essentielle pour les relations entre l’Afrique et les Etats Unis », a affirmé Lanfia Camara.
Hannah Akinbiyi : « Le Mali n’a pas encore pleinement profité des opportunités offertes par l’AGOA alors qu’il a beaucoup à offrir aux Etats Unis »
Selon Hannah Akinbiyi, Conseillère économique et commerciale de l’ambassade des Etats Unis au Mali, l’objectif principal de l’AGOA est de stimuler la création d’emplois et le développement économique en Afrique subsaharienne, augmentant ainsi la stabilité et la prospérité pour toute la région. « Le Mali a beaucoup à offrir aux Etats Unis et je suis aujourd’hui ici pour expliquer comment nous pouvons tous travailler ensemble pour accroître les investissements au Mali et créer des opportunités commerciales durables pour les Maliens d’exporter aux Etats Unis. AGOA permet aux produits issus des pays admissibles comme le Mali en Afrique subsaharienne un accès préférentiel au marché américain. Outre les 4 600 produits bénéficiant du système généralisé de préférences (GSP), AGOA permet à plus de 1 800 produits supplémentaires d’entrer sur le marché américain en franchise de droits de douane. Grace à l’AGOA, les exportations des hydrocarbures de l’Afrique subsaharienne vers les Etats Unis ont presque doublé et les autres types d’exportation ont triplé. Pour sa part, le Mali n’a pas encore pleinement profité des opportunités offertes par l’AGOA. En 2016 par exemple, les exportations du Mali vers les Etats Unis étaient de 4 310 millions de dollars seulement. Il existe pourtant des opportunités pour les exportations maliennes sur le marché américain grâce aux produits comme la gomme arabique, le beurre de karité, les noix d’acajou, les céréales transformées, la mangue séchée, l’artisanat textile et plusieurs autres. Actuellement, le Mali ne profite pas pleinement des avantages qu’offre l’AGOA», a regretté Hannah Akinbiyi.
A l’en croire, la sous-utilisation de l’AGOA par le Mali pourrait s’expliquer entre autres par l’insuffisance de la connaissance du marché américain par le secteur privé malien et la non mise en œuvre par le Mali de sa stratégie d’utilisation de l’AGOA. « Les gouvernements des pays africains doivent adopter et mettre en œuvre les stratégies d’utilisation de l’AGOA, y compris la promotion et l’amélioration d’un environnement propice au développement des exportations. Les organisations du secteur privé et les entreprises exportatrices doivent également se munir de véritables plans stratégiques en matière de marketing et d’exportation afin de mieux cibler leur clientèle et s’assurer de leur fournir des produits de qualités respectant les standards. Enfin, le gouvernement américain devrait également continuer son appui technique, notamment à travers les agences spécialisées comme les Trade Hub de l’USAID. Les efforts conjugués de tous permettraient certainement d’augmenter l’utilisation de l’AGOA et par conséquent, booster les exportations des pays africains vers les USA », a-t-elle conseillé.
Youssouf Bathily : « Il faut outiller davantage les opérateurs économiques maliens»
En ouvrant la cérémonie de l’atelier, Youssouf Bathily, le président de la Chambre de commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), a exprimé sa reconnaissance au Comité national AGOA et à son président Lanfia Camara pour toutes les initiatives prises en vue de l’information des opérateurs économiques maliens dans le cadre de l’AGOA. A ses dires, le présent atelier qui s’inscrit dans cette dynamique permettra aux opérateurs économiques maliens de se familiariser davantage avec le contenu de cette Loi que les Etats Unis ont promulgué en 2000 avec comme objectif d’accroître le commerce et les investissements américains avec l’Afrique subsaharienne pour stimuler la croissance, encourager l’intégration économique et faciliter l’intégration de l’Afrique subsaharienne à l’économie mondiale. Il a témoigné que les opérateurs économiques maliens n’ont pas tiré tous les avantages attendus de l’AGOA en termes de volume d’exportation des produits concernés vers le marché américain. Et cela, pour diverses raisons. « A l’issue de l’atelier, il s’agira donc d’informer le plus largement possible tous les opérateurs économiques intéressés afin qu’eux-mêmes puissent tirer le maximum de profits de l’AGOA pour que la balance commerciale de notre pays puisse également en ressentir les retombées », a-t-il espéré de l’atelier.
Pour le patron de la CCIM, « il faut outiller davantage les opérateurs économiques maliens pour porter le volume des exportations maliennes dans le cadre de l’AGOA à un niveau confortable ».
Il a rappelé qu’en 2015, le Mali n’a exporté que pour 4,5 millions de dollars vers les Etats Unis d’Amérique dont seulement 4,17 millions de dollars entrés en franchise de douane dans le cadre de l’AGOA. Ce qui fait qu’il a préconisé d’outiller davantage les opérateurs économiques maliens pour porter le volume des exportations maliennes dans le cadre de l’AGOA à un niveau confortable au moment où tous les efforts sont entrain d’être déployés par le ministère en charge du Commerce et de la concurrence pour booster les exportations maliennes. Il a assuré le Comité national AGOA de tout l’accompagnement de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali dans l’accomplissement de sa mission.
L’atelier a permis aux opérateurs économiques d’avoir beaucoup d’informations sur l’AGOA.
S.DOUMBIA
Source: FORUM
Comments (0)