Cameroun : Elections présidentielles en copie !
En Afrique, les élections présidentielles se suivent et se ressemblent pourrait-on dire. Aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps, les exemples d’élections libres transparentes et crédibles se comptent sur les doigts de main. Fraudes massives, achat de conscience, mauvaise organisation et partialité des institutions sont entre autres les ingrédients concoctés pour justifier la contestation des résultats par les perdants. Les crises postélectorales sont devenues le lot quotidien de presque tous les pays du continent avec son cortège de polémiques sur fond de violences verbales, voire physiques sous certains cieux. Les avis peuvent être partagés sur les accusations formulées par les opposants, par contre les défaillances de l’organisation et les actions controversées des structures occupant le cœur du processus sont irréfutables. Aujourd’hui, l’on constate que la récurrence de la mauvaise organisation porte un coup dur à la crédibilité de toutes les structures impliquées dans le processus électoral y compris les observateurs nationaux et internationaux.
La recrudescence et la récurrence des accusations de fraude et d’achat de conscience ne sont en fait que des arbres qui cachent la forêt. Les crises postélectorales sont ni plus ni moins liées aux traditions politiques instaurées dans nos Etats au sortir de la colonisation par la classe politique. Nos démocraties, issues pour la plupart des dictatures, ont évité des réformes en profondeur de la gouvernance pour l’adapter aux concepts de l’Etat de droit.
Le rapport au pouvoir et sa conception n’ont également subi qu’une légère modification afin de maintenir l’illusion d’un Etat de droit et l’égalité devant la loi. Dans les conditions actuelles de l’organisation des Etats, la question n’est plus de savoir si l’on pourrait un jour organiser des élections parfaites. Le continent pourra- t-il organiser des élections crédibles dont les résultats seront acceptés par tous ? A en croire le rallongement permanent de la liste des élections à contestation, les chances d’avoir des scrutins apaisés sont quasi inexistant. Le Cameroun de Paul Biya rejoint le Mali d’IBK dans la tourmente des crises postélectorales avec les mêmes accusations.
Réélue aux termes d’un processus électoral mouvementé, la victoire du président Paul Biya est remise en cause par les acteurs politiques et les évêques. Au lendemain de la proclamation des résultats par la cour constitutionnelle du Cameroun, Monseigneur Samuel kleda a émis des réserves sur la fiabilité des résultats. Selon le président de l’église épiscopal du Cameroun, les résultats ne reflètent pas la réalité des urnes. Il rejoint ainsi l’opposant Maurice kamto arrivée en 2ème position avec 14% des voix au second tour qui rejette la victoire du président sortant. Si l’opposant Maurice Kamto s’appuie sur la fraude et les dysfonctionnements du scrutin, le président des églises épiscopales du Cameroun avance l’exemple concret du nord du pays en proie à d’énormes difficultés où le candidat Paul Biya a obtenu le score sans appel de 89% pour justifier son doute sur la fiabilité des résultats. Au-delà des accusations de fraude, l’impopularité du président Paul Biya et son incapacité à relever le défis des djihadistes et la question anglophone sont des éléments qui font peser le doute sur le score annoncé par la cour constitutionnelle du Cameroun. Un score qui frise la plébiscite !
A 85 ans dont 36 passés à la tête du pays, le président Paul Biya entame ainsi son 7ème quinquennat sous de mauvais auspices. Est-ce la fin d’un mandat de trop ?
Bouba Sankaré
Source: FORUM
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