Pharmacie par terre au Mali: L’avis des acteurs divergeant sur la question?
La pharmacie par terre constitue un véritable réseau de vente et de commerce des produits pharmaceutiques bien structuré dans notre pays, selon nos constats. Les avis des intervenants dans ce domaine restent beaucoup divisés sur son impact sur la santé publique.
Selon un pharmacien, les 80% des faux médicaments vendus dans le monde sont écoulés en Afrique. Des données accablantes qui n’épargnent pas le Mali où la problématique de la prolifération dites des « pharmacies par terre » continue de prendre de l’ascenseur dans notre pays sous l’œil indifférent des services d’inspection du ministère de la santé et de l’hygiène publique, a martelé notre interlocuteur. A l’en croire, ces médicaments de qualité plus que douteuse attirent les populations vulnérables qui manquent de moyen, selon les acheteurs pour se procurer des produits légalisés dans les pharmacies de la place reconnues par l’Etat malien. Ces médicaments continuent de les tuer à petit feu, nous précise un pharmacien. En effet, dit-il, de nombreux décès ont été constatés suite à la consommation de ces poisons dont la vente est notoire dans presque toutes les rues de la capitale malienne qu’à l’intérieur de notre pays. Ce pharmacien dénonce que les luttes ont été engagées pour pallier ce problème public mais que l’ordre des pharmaciens avec sa mauvaise organisation et le manque de volonté politique de l’Etat malien n’arrive nullement de gagner son pari. Il a exprimé son inquiétude face au phénomène qui impacte dangereusement sur la santé publique avant de dire que l’impunité dans laquelle les commerçants véreux proposent leurs produits continuent de s’imposer aux populations vulnérables.
Il a profité de notre micro pour lancer une alerte qu’il soit entendu par les décideurs afin d’envisager et proposer des mesures idoines à cette préoccupation plus que majeure. Ces propos de notre éminent pharmacien ont été contredits par un client de la pharmacie par terre en ces termes : « Ces produits de la pharmacie légale à l’heure où nous sommes ne sont pas destinés à la portée des couches vulnérables malgré la subvention allouée par l’Etat et l’exonération accordée sur certains produits. Car ceux qui sont chargés d’organiser le secteur pour qu’elle soit capable afin de répondre aux besoins des uns et des autres sont tous devenus des marchands des produits. Et là où on peut se soigner facilement c’est bien la pharmacie par terre. Cette pharmacie dite « par terre » nous a rendu des services sanitaires incontournables et on cherchera à l’émerger avec tous les moyens nécessaires à notre disposition. Par conséquence si l’état malien veut que tous les clients soient orientés vers les pharmacies modernes de la place doit entreprendre des politiques d’accessibilité à moindre coût des médicaments et construire des centres de santé de référence là où les populations en ont plus que besoin, avec la qualité et le nombre recommandé de médecins. Cette politique gouvernementale doit agir en connivence avec des mesures capables axées sur l’accessibilité des produits de la pharmacie légale à toutes les portées sans distinction quelconque », a déclaré ce client.
Une vendeuse de la pharmacie par terre touchée par nos soins a également tenté de se défendre avec ses arguments. Pour lui, la pharmacie par terre n’a pas d’impact néfaste sur la santé publique de ses clients. A ses dires les produits qu’elle propose à ses clients certes sont les « DCI » mais qu’on n’observe aucun effet secondaire sur la santé des usagers suite à son usage. A en croire cette vendeuse, la vente de ces produits issus de la pharmacie par terre a beaucoup créé de l’emploi dans notre et a permis à de nombreuses femmes veuves de nourrir leur famille si leurs époux ne sont plus. Elle ne cache point son indignation si l’Etat malien se propose d’interdire ces pharmacies par terre. « Ça fait plus de 20 ans que je vends des produits de la pharmacie par terre mais je n’ai jamais été interpelé pour me parler des effets secondaires de ces médicaments », a martelé cette vendeuse.
Sayon Sangaré
Source: La Relance
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