LUTTE CONTRE LE PALUDISME ET LES MALADIES DIARRHEIQUES: Des avancées mais…
La lutte engagée depuis des décennies contre le paludisme et les maladies diarrhéiques en Afrique présente des avancées notoires aux doubles plans organisationnel et structurel. Cependant, il est difficile d’établir sur le terrain leur impact sur l’état de la maladie du fait qu’elles sont confrontées à l’insalubrité chronique de notre cadre de vie. Aujourd’hui, rares sont ceux qui guérissent du paludisme. La plupart du temps, le malade après sa sortie des structures de santés se contente du répit que la maladie lui concède, car il vit en permanence dans un milieu propice au vecteur du paludisme.
L’environnement n’impacte pas que sur le climat des affaires et l’économie, il est pour beaucoup dans notre état de santé. La propriété du cadre de vie est un préalable pour le maintien de la bonne santé car la plupart des agressions dont est victime le corps humain sont externe, et intimement liées à l’environnement. Parmi les dangers potentiels qui pèsent sur notre santé, l’insalubrité occupe une place non négligeable. Symbolisée par les dépôts d’ordures de transit débordés, les décharges à tous les coins de rues, insalubre est désormais le cadre de vie du Bamakois qui semble s’accommoder à cette présence quasi permanente des déchets de tous ordres. A cause des effets négatifs des déchets sur notre santé, l’assainissement de notre environnement, doit être plus qu’un slogan, et ne doit surtout pas être tributaire des grands évènements. Nous devons intégrer les pratiques d’hygiène à nos comportements de tous les jours, car cela contribuera à améliorer considérablement notre santé de façon globale.
Depuis des décennies, le Mali, à l’instar de certains pays d’Afrique au sud du Sahara, est confronté au paludisme et aux maladies diarrhéiques. Malgré les efforts déployés par les autorités, appuyées par les ONG, le paludisme persiste dans notre pays avec des conséquences dramatiques qui vont de l’arrêt momentané des activités, au décès du malade dans certains cas extrêmes. Pour lutter contre le paludisme, des efforts colossaux se déploient à tous les niveaux, mais le résultat est largement en deçà des attentes. La maladie sévit tant dans les milieux urbains que dans nos campagnes. Ce constat d’échec n’est certainement pas amputable aux politiques de lutte et à l’engagement des acteurs mais plutôt, à l’insalubrité généralisée de notre cadre de vie. Les tas de déchets domestiques, tels des monuments, se dressent un peu partout dans notre ville. Devant les maisons et même devant certaines entreprises ou commerces, les poubelles remplies à rats, nous rappellent la mauvaise gestion des déchets dans notre pays. Les particuliers ont transformé les caniveaux conçus pour le drainage des eaux de pluies, en égouts. En plus de la puanteur, ces caniveaux sont devenus le nid des moustiques, de rats… Pourtant, depuis belle lurette, la corrélation entre déchets (solides ou liquides) et paludisme ainsi que les maladies diarrhéiques est établi. Malgré les innombrables campagnes de sensibilisation sur la nécessité d’assainir notre cadre de vie afin de bénéficier des biens faits de la lutte contre le paludisme et les maladies diarrhéiques, la population dans sa grande majorité tarde, à intégrer à leur comportement la dimension d’hygiène à la lutte contre les maladies. L’insalubrité, est de nos jours le plus grand danger qui menace notre santé individuelle en premier, et la santé publique plus globalement. Partant de là, il serait absurde de croire que l’assainissement de notre environnement relève de la responsabilité d’une structure ou d’un département fut-il de l’hygiène publique ou de l’environnement. L’assainissement de notre cadre de vie est, et doit être, l’affaire de tous. La victoire sur le paludisme et les maladies diarrhéiques ne s’obtiendra, que quand nous arriverons à une gestion maîtrisée de nos déchets (solides / liquides). Ce n’est pas par les slogans et les actions d’éclats que nous y parviendrons. Décideurs politiques, élus locaux, l’honneur et la responsabilité vous revient d’élaborer un plan d’assainissement fiable avec des structures qui répondent aux besoins.
Il faut signaler que l’un des problèmes majeurs liés à l’assainissement dans le pays est caractère facultatif de l’application des dispositions prises. A cela il faut ajouter l’absence d’alternative caractérisé par l’engorgement des dépôts de transit des déchets. Il est plus que urgent pour les autorités d’apporter des réponses à la question des décharges finales et à l’organisation /encadrement/formation des GIE opérant dans le domaine pour une efficacité. La victoire sur le palu et sur les maladies diarrhéiques est à ce prix.
Bouba Sankaré
Source: LE FORUM
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