Entre nous : La chasse des migrants
Depuis quelques jours, l’Algérie mène une campagne d’expulsion des migrants subsahariens. Les forces de sécurité algériennes ont procédé la semaine dernière, à une vague d’arrestations des migrants avant de les parquer comme du bétail attendant leur transfert par voie terrestre dans leurs pays d’origine.
C’est une véritable chasse aux migrants. Ce n’est pas la première fois que l’Algérie entreprend des manœuvres de ce genre pour chasser de son territoire les hommes et les femmes à la quête d’un meilleur cadre de vie. Le phénomène migratoire est devenu depuis plusieurs décennies une problématique à l’échelle internationale.
Des milliers de jeunes quittent chaque année les pays au sud de Sahara pour prendre le chemin de l’aventure. Les drames de l’immigration “clandestine” causés par les responsables de certains gouvernements occidentaux et organismes régionaux ne se comptent plus. Le désert et l’océan sont devenus par la force des choses des cimetières à ciel ouvert sous le regard coupable des pays occidentaux qui préfèrent investir dans des politiques sécuritaires à coût de milliards plutôt que d’aider les pays de départ des migrants afin de créer les conditions pouvant leur permettre de retenir les candidats à l’immigration. Les pays d’accueil durcissent les politiques à l’égard des migrants.
Au-delà des pays européens qui pratiquent une politique peu bienveillante à l’égard des subsahariens, il y a de nombreux pays africains qui font pire. La campagne actuellement en cours en Algérie en est la parfaite illustration. On s’étonne même de voir la façon dont des africains traitent d’autres africains. Les images des jeunes hommes blessés ou attaqués par une certaine population locale sont insoutenables. Que dire de ces femmes migrantes violées à la recherche d’une hypothétique protection auprès des services de sécurité ?
Les conditions dans lesquelles les forces de sécurité algériennes procèdent à l’arrestation des migrants sont à la fois détestables et inhumaines. Ils sont privés de tout, y compris du fruit de leur labeur. Les migrants ne sont pas des criminels et ont une dignité humaine que les autorités algériennes doivent avant tout respecter.
Non, les africains ne doivent pas traiter d’autres africains de cette façon. Non, l’unité africaine ne connaît ni pays, ni couleur de peau, ni nationalité. L’esprit de l’Union Africaine voudrait que les citoyens africains puissent se déplacer sans crainte ni inquiétude partout sur ce continent, berceau de l’humanité.
Certains iront jusqu’à qualifier l’Algérie de pays qui pratique un raciste digne d’une autre époque. L’Algérie n’est pas mieux logée que le Maroc, la Tunisie ou encore la Libye qui dénient presque tout droit aux travailleurs migrants. Ces pays n’ont pas d’égard ni de considération pour les migrants, surtout s’ils sont noirs. Il ne faut pas avoir peur des mots.
Le plus aberrant dans tout ça, c’est le silence observé par les dirigeants des pays d’origine des migrants. Leur silence est à la hauteur de leur culpabilité, de leur fuite en avant et de leur incapacité à proposer à leurs concitoyens un meilleur cadre de vie.
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger
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