Révolution populaire de Mars 1991 :Un rendez-vous manqué avec l’histoire ?
Le vendredi 26 mars 2021, le peuple malien a soufflé sur les 30 bougies de l’avènement de la démocratie. Après l’euphorie des premières années, ce 30èmeanniversaire offre l’opportunité de jeter un regard sur le parcours.
La démocratie malienne est-elle un échec ou une réussite ? Cette question récurrente depuis de nombreuses années, fera encore couler assez d’encres et de salives à cause de l’écart considérable entre les acquis et les attentes. Au risque de faire grincer les dents, le recul du pays après 30 ans d’exercice démocratique est si saisissant, qu’il est pratiquement impossible de dissocier l’instabilité chronique, la détérioration des mœurs, l’anarchie ambiante et la démocratie. Fort de ce constat, de nombreux détracteurs estiment à juste titre, que la démocratie a causé plus de problèmes au Mali qu’elle n’en a résolue. Outre l’instabilité chronique, la persistance des pratiques combattues par le peuple, les 2 coups d’Etats enregistrés pendant ces dix dernières décennies ont fortement terni l’image de la démocratie malienne, jadis citée en exemple à travers le monde entier. Au-delà de tous les arguments possibles, ces coups d’Etats traduisent l’échec de l’ensemble du mouvement démocratique d’une part et de toute la classe politique et des organisations de la société civile qui ont failli sur les sentiers du service après-vente.
30 ans après son avènement, la démocratie malienne demeure toujours confrontée à une crise d’adolescence sans fin. Malgré l’existence de plus de 200 partis politiques et plus de 1000 organisations de la société civile, tous dédiés à priori à l’enracinement de la démocratie et de la promotion de la bonne gouvernance, l’on constate toujours qu’elle est au stade de balbutiement à tel enseigne que de nombreux Maliens se demandent quand est-ce que la démocratie verra le jour ? A mi-chemin entre démagogie et démocratie, les pratiques qui prévalent au Mali contrastent avec le lourd tribut payé par le peuple héroïque du Mali pour se débarrasser d’un régime à parti unique sanguinaire et liberticide.
Hormis la liberté d’expression qui est une réalité incontestable, les idéaux de la révolution du 26 mars 91 se sont volatilisés sur le parcours avec la complicité passive et active dans certains cas des acteurs du mouvement démocratique. La transparence, la refondation de l’Etat et la réhabilitation des valeurs socioculturelles essentielles au vivre-ensemble et à l’épanouissement de l’homme Malien demeurent encore des slogans politiques mis en avant pour atteindre des objectifs personnels. Aujourd’hui, serait-il exagéré de résumer en 30 ans de désillusion le parcours démocratique du pays ? Ce verdict qui fait grincer les dents n’est pourtant pas loin de la réalité au regard de l’instabilité chronique dans laquelle le pays s’est installé depuis plusieurs décennies. Ne faut-il pas sortir de la complaisance et du faire- semblant pour dresser l’état des lieux afin de s’attaquer à la construction d’une véritable démocratie ?
Bouba Sankaré
Source: Le FORUM
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