Arcane politique:Un futur rapprochement entre Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan ?
L’ex-président ivoirien et son ancien Premier ministre se sont retrouvés pour la première fois depuis neuf ans en face à face à Bruxelles, vendredi et samedi dernier. Des entretiens pour le moment auréolés de discrétion.
Le Front populaire ivoirien parti fondé par Laurent Gbagbo est scindé en deux depuis 2014. D’un côté la frange reconnue par la justice ivoirienne et dirigée par Affi N’Guessan. Et de l’autre une frange restée fidèle à Gbagbo et surnommée FPI-GOR pour « Gbagbo ou rien ». À dix mois de la présidentielle, et alors que Laurent Gbagbo, en résidence surveillée, attend toujours une décision de la CPI quant à un éventuel procès en appel, cette rencontre n’est pas anodine.
De cette rencontre, on ne sait pas grand-chose si ce n’est que l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et son ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan se sont vus deux fois. À chaque fois le secrétaire général du FPI-GOR, Assoa Adou était présent. Mais aucun des deux FPI ne souhaite communiquer davantage sur le contenu des discussions. Aucune photo n’a été diffusée.
Trouver un candidat
Ces rencontres ont d’ailleurs été gardées secrètes au sein même des deux partis, de nombreux cadres ayant été mis au courant après coup. Et si on ne sait pas ce qui s’y est dit, on connait l’intérêt de chacune des parties à discuter avec l’autre, après sept ans de brouille. À dix mois de la présidentielle le FPI doit arrêter une stratégie, proposer un candidat. Et à cet égard, une réunification semble indispensable. « Comment réconcilier les Ivoiriens quand ils ne sont pas capables de se réconcilier entre eux ? », entend-on régulièrement à Abidjan à propos du FPI qui a fait, précisément de la « réconciliation » son cheval de bataille politique.
Selon le communiqué laconique du FPI Affi N’Guessan, ces rencontres se sont faites à la demande de ce dernier. L’ancien Premier ministre avait déjà tenté de voir l’ex président au mois de mars dernier. La tentative avait capoté. Et de retour à Abidjan, Pascal Affi N’Guessan avait eu des propos peu amènes à l’égard de Laurent Gbagbo, lui déniant la présidence du parti. Il avait d’ailleurs annoncé sa candidature à la présidentielle, si Gbagbo n’était pas en mesure d’y aller.
Depuis l’eau a coulé sous les ponts, certains lieutenants d’Affi l’ont quitté et les mots se sont adoucis. Et si la double rencontre de ce weekend dernier semble un tout premier pas, il semble que les violons ne soient pas encore accordés. En témoigne cette communication à minima, unilatérale (le FPI-GOR n’a pas communiqué) sur une rencontre en catimini. On est loin d’une réconciliation en grande pompe pour le moment.
L’État ivoirien s’oppose à la levée des conditions de libération de Gbagbo
Dans une requête déposée sur le bureau de la chambre d’appel de la Cour pénale internationale, les avocats de l’État ivoirien s’opposent à la levée des conditions imposées à Laurent Gbagbo depuis le 1er février dernier, suite à son acquittement. La procureure de la Cour a fait appel de cet acquittement mi-septembre, demandant aux juges de prononcer le non-lieu. Les avocats de la Côte d’Ivoire demandent l’autorisation de participer à la procédure d’appel en cours, annonçant qu’ils s’opposent à la levée des conditions imposées par la CPI à l’encontre de Laurent Gbagbo. Ce dernier reproche à la Cour de violer ses droits, notamment en l’empêchant de participer à la vie politique de son pays dont la campagne pour l’élection présidentielle de décembre 2020. À moins que les juges n’acceptent de lever ces conditions, l’ancien président ivoirien est tenu de demeurer à Bruxelles et ne peut s’exprimer librement jusqu’à la fin de la procédure d’appel, intentée par la procureure. Fatou Bensouda réclame l’annulation de son acquittement et demande aux juges de prononcer à la place le non-lieu. Mais cet appel ne sera pas tranché avant plusieurs mois. En attendant, la procureure s’oppose à toute levée des conditions imposées à Laurent Gbagbo. Ce n’est pas la première fois que les avocats de la Côte d’Ivoire demandent à intervenir dans la procédure en cours, mais ils ont toujours été déboutés. Cette fois, et même si les juges devaient rejeter leur demande de plaider sur cette question, les autorités auront clairement fait savoir à la Cour, et à l’ancien élu, qu’il n’est pour l’heure pas bienvenu en Côte d’Ivoire.
Avec RFI
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