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Au moment où le rideau tombe sur les travaux, l’ombre des absents plane sur le dialogue national qui se voulait inclusif. L’absence du chef de file de l’opposition en particulier et celle  de nombreuses associations de la société civile a été une zone d’ombre qui a marqué plus d’un participant.

Les premiers signes de ce malaise, sont apparus dans le discours d’ouverture des travaux du président de la république, Ibrahim Boubacar Kéita. Un discours en grande partie  constitué  d’intarissables adresses aux participants et aux organisateurs. A mi-chemin entre le blâme envers  absents et l’opinion  en colère contre  les forces étrangères et la flatterie pour les participants, le discours présidentiel a révélé l’ampleur du préjudice causé par le boycott sur un évènement qui représentait une ultime chance d’un nouveau départ. Contrairement à la conférence d’attente nationale, le train du dialogue  national inclusif n’a trouvé aucun passager dans les  gares suivantes. L’opposition et les autres non-partants ont maintenu malgré les multiples sollicitations leur boycott. Au-delà de la polémique qu’elle a suscitée dans l’opinion publique,  cette absence du FSD (Front pour la sauvegarde de la démocratie) et des autres non-partants pose l’épineuse question de l’organisation et de la gestion  des évènements majeurs par le régime actuel qui refuse de se mettre éternellement en cause. Depuis l’arrivée du président Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir en 2013, tous les grands évènements organisés ou initiés ont fait l’objet de polémique, voire de dissension au sein de l’opinion publique et s’achève dans une confusion qui laisse toujours un arrière-goût d’inachevé. De l’épisode de la visite d’Etat en France en passant par le Sommet France/Afrique, la conférence d’entente  nationale, l’accord pour la paix, l’ouverture politique qui a abouti à l’installation du gouvernement de large ouverture jusqu’au dialogue national qu’on qualifie d’inclusif…, sommes toutes des évènements majeurs pour la république qui se sont tous réalisés dans un climat de surchauffe et de désunion. Jusqu’à preuve du contraire, le pays peine à tirer profil des évènements marquants  à hauteur de souhait. Autant on pourrait s’interroger sur la volonté de réussite du régime, mais aussi sur la motivation des opposants dans un pays confronté  à une crise multiforme qui menace son existence.  D’un côté comme de l’autre, il semblerait qu’on n’ait pas pris la pleine mesure du danger qui plane sur le pays. En confondant changement et alternance, l’opposition a poussé le régime à voir des ennemis et des pièges partout. Le refus du président d’accorder un statut juridique au DNI relève plus d’un calcul politicien qu’à une volonté de préserver le caractère inclusif ou de garantir les résolutions qui en seront issues.  Aujourd’hui, il ne serait pas exagéré de dire que le pouvoir est au cœur de l’embourbement du pays. L’intérêt supérieur de la nation évoquée par les uns et les autres n’est ni plus ni moins qu’un discours d’apparat  pour maintenir le flou sur les enjeux réels  de la dissension politique qui ne faiblit pas. Coincé entre un président déterminé à garder toutes ses prérogatives et une opposition désabusée par les improvisations du régime, le Mali s’avance vers un chao qui ne profite à personne. Il est urgent que la classe politique dans son ensemble mette fin aux querelles politiciennes  pour placer enfin la république au cœur de leurs préoccupations. La manipulation de l’opinion nationale n’a que trop durée. Nul ne viendra faire ce pays à la place des Maliens.

Bouba Sankaré

Source:Le FORUM