Sauvegarde de l’image du pays : La leçon Sénégalaise
Accusé dans une affaire de pot-de-vin, Alou Sall, le frère du président Sénégalais a démissionné de son poste de directeur général de la Caisse des dépôts et de consignations pour se consacrer à la procédure judiciaire en vue de se blanchir. Cette décision du frère du président met à priori le président Macky Sall à l’aise dans l’exercice de sa fonction mais aussi elle sauvegarde l’image du pays.
Contrairement à ce que la classe politique et les leaders d’opinion soutiennent, la première image d’un pays est le pouvoir qui a la charge de la gestion de la vie publique. Par conséquent, les hommes et les femmes qui ont l’insigne honneur de servir leur pays doivent être dans la mesure du possible exempt de toutes reproches ou accusations pouvant altérer la crédibilité des institutions ou porter atteinte à l’image du pays.
Après la leçon de démocratie, le Sénégal vient de donner à travers l’acte posé par Alou Sall, un exemple de pragmatisme qui ne fait malheureusement pas des émules à travers le continent. Bien au contraire, le pouvoir sert de rempart pour de nombreux dirigeants du continent pour échapper à la justice. Au Mali, l’exemple n’est pas à chercher à la loupe. Cette pratique qui est en contradiction flagrante avec le principe de l’égalité de tous devant la loi est devenue si récurrente qu’elle fait figure de tradition dans la gouvernance. Aujourd’hui, il ne serait pas exagéré de dire que le pouvoir est un parapluie protecteur pour les cadres, les politiciens, les leaders d’opinion et même pour les opérateurs économiques du continent. Au lieu de lutter contre l’impunité en sanctionnant ceux qui violent les lois et auteurs de tous les abus, le pouvoir les accueille et les anoblit sans le moindre souci pour l’image du pays et la crédibilité indispensable à toutes personnes prétendant aux postes de responsabilité. Ce rôle est depuis belle lurette dévolu à la population à laquelle on recommande de s’accommoder des travers des responsables. A en croire le nombre élevé de dirigeants et responsables Africains en activité au sommet de l’Etat ou dans les institutions de la république accusés de violations diverses et variées, il est légitime de se demander si le pouvoir a une éthique sur le continent. Comment des hommes et des femmes aux moralités entachées de soupçon de violation graves de la loi peuvent-il défendre l’image d’un pays et forcer le respect de leurs concitoyens ?
Cet exercice d’équilibrisme à l’honneur sur le continent est à l’origine de la banalisation de toutes les valeurs et vertus qui caractérisaient les pouvoirs dans un passé récent. Désormais, pour que le pouvoir recouvre ses lettres de noblesse d’antan, il doit veiller à la qualité morale, sociale et intellectuelle de ses serviteurs car le pouvoir est non seulement la première vitrine d’un pays mais aussi, il est un exemple pour l’ensemble de la population.
Bouba Sankaré
La Redaction
Source :Le FORUM
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