Attaque de Dioura : Un coup de poignard dans le dos
Selon les premières informations, l’attaque de Dioura contre un camp des FMA a été menée par un déserteur de l’armée Malienne. Au-delà de la douleur du peuple tout entier, cette attaque meurtrière balaie tous les discours élogieux gorgés d’espoir sur la situation sécuritaire et le renforcement des dispositifs et suscite des interrogations sur l’opportunité de la mise en œuvre des accords pour la paix dans son volet intégration qui concerne non seulement les ex combattants des groupes armés mais aussi d’anciens déserteurs. Cette attaque menée par un déserteur réveille bien de mauvais souvenir relatif aux intégrés. L’Etat a-t-il pris des dispositions pour se mettre à l’abri des désertions ? Sans céder à la panique ni à la tentation d’un jugement d’intentions, l’opinion nationale a aujourd’hui de sérieuses raisons de douter de la sincérité de l’ensemble des acteurs impliqués dans la résolution de la crise sécuritaire.
Comment cette attaque a-t-elle été possible si tous les discours sur le renforcement des moyens de l’armée et la collaboration de toutes les forces étrangères devaient faire foi ? La chaine de commandement mesure-t-elle à nos jours la menace terroriste dans sa juste proportion ? Ce sont là quelques questions qui taraudent les esprits en ce moment d’intenses douleurs. Malgré le rallongement constant de la liste des victimes des attaques terroristes, tout se passe comme si ces pertes étaient normales. La complexité de la lutte contre le terrorisme ne saurait être le justificatif de tout ce qui nous arrive. Les stratégies jusqu’ici mises en place et le rapport entre les différents acteurs méritent une analyse approfondie afin d’apporter les améliorations nécessaires en adéquation avec la réalité du terrain. Cela n’est plus une nécessité mais une urgence car depuis l’éclatement du conflit, les pertes en vies humaines font partie du quotidien malgré les efforts consentis par les autorités du pays. Il y a lieu d’interroger l’engagement des parties signataires des accords pour la paix mais aussi celui des partenaires qui soutiennent le processus. L’insatisfaction est grande par rapport à la gestion de la crise. Le Mali a-t-il les outils et les ressources humaines dans la lutte contre l’insécurité ? C’est la grande question qui mérite d’être posée. Concentrée au nord, la crise sécuritaire s’est étendue au centre en intégrant d’autres formes plus meurtrières malgré tous les efforts fournis .Que ce soit sur le plan politique ou militaire, les failles et les faiblesses sont si nombreuses qu’il ne serait pas exagérer de dire que le Mali n’a pas encore trouvé le chemin qui mène à la stabilité. L’attitude des acteurs et partenaires face à la récurrence des attaques barbares posent la problématique de la sincérité de la collaboration et surtout de l’agenda des uns et des autres. En premier lieu, il y a la France à travers Barkhane, la force Onusienne et le G5. Malgré la présence de toutes ces forces aux côtés des FMA le sang des civils et des militaires continue de couler à cause d’une insécurité grandissante.
L’attaque de Dioura, la nième des attaques meurtrières contre le Mali sonne comme une interpellation à l’endroit de l’ensemble des acteurs et partenaires. Il est plus que jamais temps que chacun s’investisse au mieux pour inverser la tendance pour abréger la souffrance du peuple meurtri dans son âme.
La rédaction
Source:La Relance
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