Le prolongement de la colonisation :Le sort du Franc CFA suscite t-il le doute ?
Les propos émanant d’une personnalité Italienne rendant indirectement le franc CFA responsable du sous-développement des pays ayant en partage cette monnaie a fait ressurgir la polémique sur la création ou non d’une nouvelle monnaie.
Pour une opinion largement favorable à la création d’une nouvelle monnaie, le franc CFA est le symbole de la colonisation et la domination monétaire. Aujourd’hui, les défenseurs de l’usage du CFA sur le continent se résument exclusivement au sein de l’élite qui voit en lui, un outil de stabilisation de l’économie et d’ouverture sur le reste du monde sans trop de risques. Une approche lucide de la question permet de voir que le CFA est en fait, un peu des deux opinions. Malgré les montages habiles pour redéfinir le sigle CFA, il n’en demeure pas moins « Colonie Française d’Afrique » d’autant plus qu’à l’origine, sa création n’émane pas des usagers. Par ailleurs, certains Etats ont été contraints d’y adhérer en abandonnant leur propre monnaie sous la pression des dirigeants de l’Hexagone. Cependant, l’on constate que l’arrimage du franc CFA à l’Euro a mis les pays qui en usent à l’abri de l’instabilité de la valeur monétaire qui secoue le monde des finances. Aujourd’hui, on peut dire que le sort du franc CFA est au cœur d’un débat qui se situe à équidistance entre émotionnel et état d’âme. Faut-il rester dans un carcan monétaire dont le seul avantage est la stabilité ou battre une nouvelle monnaie pour satisfaire son ego ? Quelque soit la réponse à ces questions, il est primordial de savoir que le sort du CFA ne saurait se déterminer comme dans un jeu de Pile ou Face car c’est l’avenir des Etats ayant en partage le CFA qui en dépendra. Le Franc CFA est certes une entrave au développement pour des raisons multiples cependant, il n’est pas le seul obstacle. Le rapport des gouvernants à la chose publique, l’incapacité de l’élite à penser pour un développement adapté aux réalités du pays, l’absence de politiques de production nationale, l’addiction à la dette sont entre autres des facteurs aggravants. Battre une monnaie ou maintenir le CFA suffira-il à relancer l’économie ? Dans l’un ou l’autre cas, seul le travail dans la rigueur sera payant.
Bouba Sankaré
Source:FORUM
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