Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique :« Il faut réussir le test de la COP24 »
La COP24 s’est terminé ce vendredi 14 décembre 2019 en Pologne avec, à la clé, l’espoir d’un accord ambitieux pour l’application du pacte de Paris sur le climat. Mais on le sait bien, dans ce genre de conférence, les débats durent parfois plus longtemps que prévu.
Le vendredi 14 décembre, la 24e conférence climat de l’ONU (COP24) a clôturé dans un climat jadis tendu, avec, peut-être, au bout des intenses négociations, l’espoir d’un accord ambitieux pour l’application du pacte de Paris. Prévue pour se terminer ce jour, la COP de Katowice devrait respecter la tradition et se prolonger un peu ce weekend, anticipaient déjà les négociateurs. Ceux-ci ont reçu jeudi dernier une nouvelle version du projet et devaient encore en trancher les points clés.
Trouver le « mode d’emploi »
Leur mission : trouver le « mode d’emploi » de l’accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à 2°C, voire 1,5°C, par rapport au niveau préindustriel. Ce sprint final arrive après deux semaines agitées, crispées par un contexte géopolitique défavorable à la cause climatique, marquées par une controverse imprévue sur le rapport scientifique du Giec, et assombries par le retour des divisions entre pays du Nord et du Sud.
Alors, ces dernières heures suffiront-elles pour aboutir ? « Il faut réussir le test de la COP24 », rassure le négociateur malien Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique. En 2015, à Paris, « les étoiles étaient alignées. Aujourd’hui on est dans une situation plus compliquée, mais les choses vont peut-être rebondir en 2020-21. Entretemps, qu’au moins on produise des règles crédibles. C’est un signal que la communauté internationale enverrait à Donald Trump ou Jair Bolsonaro, malgré elle s’emploie à arrondir les angles de divergence.
Des implications qui ne sont pas anecdotiques
Les implications liées au « mode d’emploi » ne sont pas anecdotiques. En vertu de l’accord de Paris, les engagements des pays pour réduire les gaz à effet de serre sont volontaires. Mais leur suivi doit être multilatéral, avec des règles de transparence, comme autant de « poutres » garantissant la solidité de l’édifice. À Katowice, cette discussion sur la manière dont les États devront rendre compte de leurs actions, a notamment été l’affaire des États-Unis et de la Chine. Le premier poussant, avec d’autres pays riches, pour des règles de suivi strict, et le second pour la flexibilité accordée aux pays en développement. Mais comment traduire cette flexibilité ? Faut-il y attacher un délai ?
La question des financements des politiques climatiques est l’autre préoccupation des pays pauvres, notamment comment va s’organiser la montée des fonds promis par le Nord à partir de 2025. « Sur certains points les négociations sont grippées », soulignait à 48 heures de la fin de la conférence des débats sur le dérèglement climatique, le négociateur chinois, Xie Zhenhua.
D’autres sujets de controverse
Le « mode d’emploi » n’est pas seul objet de controverse. Les délégués doivent encore régler un hic survenu autour de la mention du dernier rapport du groupe des experts de l’ONU (Giec) dans la décision finale. Arabie Saoudite, Russie, Etats-Unis, refusent le terme « accueille favorablement ». Une « distraction bien inutile » pour la négociation, selon le terme d’un observateur, au vu de l’agenda déjà chargé. Car, à la table des pourparlers, il y a aussi cette « ambition »: comment pousser les États, dont les engagements formulés en 2015 sont notoirement insuffisants, à présenter d’ici 2020 des plans renforcés ? Y aura-t-il une déclaration d’intention en fin de COP ? Rien n’est moins sûr.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres attendu à la fin des travaux ce vendredi dernier à Katowice pour la troisième fois. Mercredi, il appelait à intensifier l’action, devant un réchauffement « galopant ». Les promesses nationales présentées en 2015 conduisent à un monde à +3°C, annonciateur de conséquences dramatiques. Le Giec a dressé le tableau des impacts déjà en cours, à +1°C aujourd’hui, et montré l’ampleur de ceux à venir à +1,5°C.
« Le silence de l’Union européenne »
En Silésie, les pays les plus vulnérables ont aussi sonné l’alarme face au « risque d’extinction » qui les menace. « C’est le temps du leadership, pas de la lâcheté », a dit le commissaire au Climat philippin, Emmanuel de Guzman. Des leaders qui manquent cruellement, ont regretté les ONG, relevant notamment « le silence de l’Union européenne ». « Le secrétaire général met la pression sur la Chine pour qu’elle assume ce rôle de leader », souligne Camilla Born, du Think tank E3G.
(Avec AFP)
Comments (0)