Crises postélectorales : Le Mali et Zimbabwe, deux contestations identiques différemment résolus !
A priori, le Mali et le Zimbabwe n’ont aucun point commun si ce n’est leur appartenance au même continent. Cependant, les élections présidentielles qui se sont tenues dans les deux pays à la même époque donnent un point commun à cause de la contestation des résultats. Si au Mali le président sortant a été réélu, au Zimbabwe c’est une figure familière qui remplace Robert Mugabe aux termes d’un processus électoral fortement contesté par les opposants. Bourrage d’urnes, fraudes massifs, partialité de l’administration… sont entre autres les raisons avancées par les opposants dans les deux pays pour justifier leur refus de reconnaitre les résultats proclamés.
Au Mali comme au Zimbabwe, l’opposition estime que les résultats proclamés ne reflètent pas la vérité des urnes et elle exige d’être mise dans leurs droits. Plus d’un mois après les élections le Mali et le Zimbabwe sont confrontés à une crise politique qui est loin de connaître son épilogue à cause de leur gestion. Si au Zimbabwe, le président élu multiplie les gestes d’apaisements, au Mali à part la main tendue du président que le chef de file de l’opposition dit ne pas voir, ces gestes se font attendre.
En Afrique, le Mali et le Zimbabwe ne détiennent pas le monopole des élections à contestation. Les crises postélectorales sont devenues monnaie courante dans les démocraties africaines. La question qui se pose est de savoir s’il est possible d’organiser une élection transparente et crédible dont les résultats seront acceptés par tous sur le continent.
Les organes chargés de l’organisation des scrutins, inféodés au régime sortant sont formels : une élection parfaite relève de l’impossible. Aucune élection n’est parfaite ! Cette réponse traduit sans équivoque le manque de volonté politique visant toute amélioration des processus électoraux sur le continent par les acteurs politiques dans leur ensemble.
La récurrence des contestations liée à la mauvaise organisation des élections empotée à l’Etat, est en fait une fuite en avant des acteurs politiques qui ne réagissent que pendant et après les élections. Aujourd’hui, l’opinion s’interroge sur le sens des contestations et la sincérité des acteurs. Observateurs internationaux et commissions indépendantes ne sont-ils que des manœuvres visant à légitimer un processus taillé sur mesure et entretenu par chaque régime ?
Le recours systématique aux rapports d’observateurs internationaux pour soutenir la crédibilité et la transparence des résultats est une constance qui ne saurait occulter les imperfections grossières des processus électoraux sur le continent. La paralysie des Etats suite aux contestations postélectorales accompagnées dans la plupart des cas de dégâts matériels et de perte en vies humaines met en lumière l’urgence d’une réflexion autour des processus électoraux avec comme préalable le raffermissement de la volonté politique de réaliser des scrutins qui tendent vers l’amélioration. La démocratie ne saurait grandir si les démocrates la résument à la victoire à tout prix peu importe la manière.
Bouba Sankaré
Source: FORUM
Comments (0)