Le vote : un devoir citoyen boudé au Mali ?
De nombreuses voix se sont jointes à celle de la classe politique pour inviter l’ensemble de la population au vote. Un acte citoyen, au mieux un devoir qu’aucun citoyen ne doit sacrifier pour quelque raison que ce soit ! Malgré les appels, le taux de participation au premier tour des élections présidentielles n’a pas atteint les 45%. Sur les 8 millions d’électeurs inscrits il y’a eu moins de 4 millions de votants.
Depuis un certain temps, les processus électoraux sont marqués par le taux élevé d’abstentionnisme. Les Maliens ne votent pas malgré l’importance de cet acte citoyen qui permet à chacun de participer à l’édification de la patrie. Au-delà de toutes explications visant à mettre en cause la population, la classe politique dans son ensemble doit s’interroger sur les raisons de cet abstentionnisme grandissant qui nuit à la légitimé des élus. Du premier tour des élections présidentielles au second tour, le taux de participation est passé de 42% à 34% dans un intervalle de deux semaines. Les intempéries et l’insécurité dans de nombreuses localités du pays évoqué par les autorités organisatrices ne peuvent justifier une si faible participation d’autant plus qu’elle ne date pas d’aujourd’hui. Il est grand temps d’inscrire le peu d’engouement de la population pour les élections au cœur d’une réflexion approfondie étendue à tous les aspects de la citoyenneté pour insuffler une nouvelle dynamique à la démocratie au Mali. Les processus électoraux ne sont pas les seules victimes du désintérêt de la population. Tous les devoirs citoyens tel que le payement des taxes et impôts, le respect du bien public…le respect des lois de la république entre autres, sont en souffrance dans le pays depuis fort longtemps.
La classe politique doit faire son autocritique. Les campagnes de sensibilisation et les appels à l’approche des élections pour améliorer le taux de participation ou pour inciter la population à s’acquitter de son devoir de citoyen ont monté leur limite pour ne pas dire qu’elles n’ont pas réussi à inverser la tendance. Donc il faut se remettre au travail, le chemin vers la maturité est encore long.
Au risque de déplaire aux acteurs du mouvement démocratique, notre démocratie n’est pas un modèle de réussite car elle a échoué sur les principaux chantiers qui sous-tendaient le soulèvement populaire du 26 mars 1991.
La bonne gouvernance, la création des conditions d’une grande participation de la population à la vie publique, l’instauration de la justice sociale… demeurent à nos jours, des défis insurmontables. La liberté d’expression et multipartisme qui font la fierté des acteurs du mouvement démocratique sont devenus au fil des ans des entraves à l’épanouissement tant attendu à cause de leur usage sélectif pour assurer l’intérêt personnel. La récurrence des défis invite la classe politique dans son ensemble à remettre notre démocratie sur le métier afin qu’elle puisse reconquérir le cœur des populations.
La rédaction
Source: LA PLUME
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