Gouvernance d’IBK La limite de l’artifice !
Les grands sentiers sur lesquels les maliens attendaient leur président sont restés presque intacts après plus de quatre ans de gestion. Adversité multiple, complexité de la situation sociopolitique du pays et imposture des mauvais Maliens sont mis en avant pour justifier l’absence d’avancées notables sur les domaines de l’insécurité, la corruption, la réforme de l’Etat, le chômage… l’éducation.
Le président a-t-il fait le constat de son échec ?
A quelque mois des élections, les discours et interventions du président sont tous emprunts d’amertume et d’agacement avec comme toile de fond, des piques aussi bien à l’endroit de ses adversaires politiques que de sa majorité. C’est ainsi que lors de la traditionnelle présentation de vœux, IBK a jugé opportun de paraphraser le président Français Emmanuel Macron qui résuma le bilan de son prédécesseur par « on l’a empêché de… ». Il termina son intervention en invitant sa majorité à mieux faire. Malgré le mutisme du président sur une éventuelle candidature à sa propre succession, le désir d’un second mandat se précise et cela se voit à travers sa nouvelle stratégie de campagne qui a pour nom, la victimisation ! Après intimidations et menaces à peine voilés à l’endroit des adversaires politiques et des mauvais Maliens, le président endosse désormais le double costume de victime et « d’empêcheur de … »
A l’approche des élections de 2018, le régime et ses alliés ont les nerfs à fleur de peaux et se montrent de plus en plus allergique à la manifestation d’opinion contraire. C’est à juste raison que l’opposition politique malienne a tiré la sonnette d’alarme en dressant la liste des dérives du régime à travers un communiqué.
Le 12 janvier, le collectif des femmes manifestant contre la violence faite aux femmes a été gazé par les forces de l’ordre. Les épouses des travailleurs compressés de l’HUICOMA ont fait l’objet d’un traitement similaire le 4 janvier ». Le 10 du même mois, la manifestation du mouvement « Waati Sera » fut dispersé à coup de gaz lacrymogène. Et enfin, le meeting de lancement de la plateforme du changement prévu au stade du 26 Mars n’a pas été autorisé suite à la pression exercée par le pouvoir sur les responsables dudit stade selon les responsables de cette plateforme.
« Le Mali est-il tombé sous une nouvelle dictature ? », s’interroge le parti du bélier blanc de Tiébilé Dramé. Pour l’instant, il est exagéré de parler de nouvelle dictature en gestation. Cependant la succession de répression, l’allergie du régime aux opinions contraires, la non-autorisation des manifestations sont des signes inquiétants d’un pouvoir qui peine à résorber la grogne sociale et le boycott politique par le dialogue et débat d’idée. La recherche permanente du complot dans chaque propos et manifestation qui frise l’obsession est l’un des terreaux fertiles de la radicalisation qui conduit à l’autoritarisme dans les jeunes démocraties en Afrique. Il est légitime de penser qu’avec la pression des joutes prochaines, la nouvelle stratégie qui consiste à brandir des menaces à l’endroit de ceux qui ne partagent pas les opinions de la mouvance présidentielle que la fête électorale qui s’annonce sera en demi-teinte.
Les violences postélectorales n’étant pas courantes au Mali (Dieu merci) les grincements de dents se feront certainement entendre de part et d’autre. Les artifices d’un côté et les cris de sirène de l’autre ont montrés leur limite. C’est un peuple désormais averti plus que déterminé à opérer un vrai changement, qui choisira un président novateur, capable de déjouer les pièges tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Peu importe qu’il soit ancien ou nouveau !
B. Sankaré
Source: LE FORUM
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