Respect des lois Un défi pour l’intelligentsia Africain
L’Afrique a toujours été confrontée aux défis d’ordre et de nature variée. Cela va de soi, quand on sait la multitude des chantiers et les moyens dérisoires dont on dispose. Les problèmes, il y en a, et il y en aura toujours. Cependant, leur persistance et notre incapacité chronique à trouver des réponses adéquates, a fini par muer toutes les difficultés en défi. De tous les défis qui minent le développement du continent, le non-respect des lois occupe le peloton de tête. Tout se passe comme si nous étions encore à l’heure de l’oralité et de l’improvisation. Rien ne semble réglementer par une quelconque loi. L’élite a du mal à respecter et à faire respecter les lois.
Choix délibéré ou incapacité ?
Nous, peuple d’Afrique avons du mal à croire que la constitution, le code électoral et les délits sont des lois écrites en noir sur blanc et qu’il y a des autorités qui veillent à leur respect.
Au Mali il y’a peu, un candidat à l’élection présidentielle dernière se plaisait à répéter inlassablement que « nul n’est et ne sera au-dessus de la loi ». Devenu président, il cumule un nombre croissant de violation de lois en seulement deux ans et quelque mois de gouvernance. On observe un statuquo sur les dossiers de surfacturations, des passations de marchés obscures, des achats controversés de matériels, des enquêtes sans suite des incendies de commerces, des mises en danger des populations par négligence, des spéculations foncières… Une réalité qui contraste fortement d’avec les déclarations ! Par ailleurs, il est loisible de constater que la justice sociale ne figure pas dans l’agenda du désormais président, quand on se réfère au mutisme qui entoure la gestion des victimes du nord de notre pays et le traitement dont a fait l’objet un terroriste du nom de Wadoussène. En réponse aux frustrations de la population, l’élite évoque des facteurs externes, exhibe des boucs émissaires, si elle ne crée pas des polémiques pour dissimuler les entorses faites aux lois. L’allergie de l’élite Malienne au respect des lois n’est pas un cas isolé. Partout en Afrique, les peuples souffrent des conséquences de la violation des lois et règles. Ils sont en permanence ballotés entre les tenants du pouvoir et les opposants, chacun rejetant la faute sur l’autre. Une situation qui a fini par créer un climat de chao et de désolation sur fond de crises multiples. L’Afrique vit au rythme des humeurs de ses hommes politiques qui affichent leurs esprits sélectifs par rapport aux lois. Les tenants du pouvoir d’aujourd’hui perpétuent à l’encontre de leurs opposants de l’heure, les pratiques qu’ils ont eu même combattu. Nos démocraties sont devenues des pouvoirs de partis uniques qui ne disent pas leur nom.
Après les élections, toutes les formations politiques intègrent la mouvance présidentielle. Les députés changent de camps dans nos hémicycles aux grés de leur intérêt personnel. L’administration, les organisations de la société civile, tous les syndicats courtisent le pouvoir en place. Le cas échéant, ils prennent tous, l’effet et cause de l’état au nom d’un consensus dont le peuple a du mal à saisir le sens et l’opportunité. Une pratique qui a fini par convaincre une bonne partie de la population que les lois sont conçues pour les pauvres.
Pour envisager un quelconque développement sur le continent, il faut au préalable rétablir l’ordre et la discipline en mettant un accent particulier sur le respect strict des lois par tous et pour tous. Il est illusoire de parler d’avancées sans ce préalable. Toute société humaine repose sur des principes de régulations érigées en droit et devoir qui s’appliquent à tous. Cela a eu comme avantage de créer une synergie et une convergence de vue pour construire et protéger le bien commun. Aujourd’hui, tous donnent à croire que l’élite a opté pour une gestion alternant pilotage à vue et usage sélectif des lois. Sans doute motivé par les privilèges et le goût des avantages qu’offre le pouvoir, elle a choisi de faire profil bas sur les dérives et manquement qui ont fini par faire de l’Afrique, le continent des troubles, de la famine, des migrants économiques et des épidémies !
Les contraintes et les déboires du quotidien au Mali comme partout sur le continent découlent pour une grande partie du non-respect des lois en la matière. Les violences post- électorales, les détournements de fonds à répétition, les extorsions, les spéculations de tous genres dont est victime la population ne sont pas des fatalités comme par discours interposés, on tente de nous le faire croire. Pourquoi la vétusté des constitutions n’est révélée qu’à la fin des seconds mandats, les fraudes et conduites contraires à la loi électorale évoquées après la proclamation des résultats en occultant la participation active aux préparatifs du dénonciateur ?
La violation quasi permanente des législations a fait basculer le continent dans la violence sous toutes ses formes. L’élite s’est installée durablement dans le déni en choisissant le brouillage collectif comme moyen de gestion. Le sermon de dire la vérité et de servir son pays est devenu une litanie à réciter sans grande conviction pour l’élite. Sinon, comment comprendre les écarts de conduite, les abus et le peu de convenance dont fait l’objet le bien commun ? On me dira certainement que l’Afrique n’a pas le monopole des dérives. J’en conviens, cependant c’est seulement en Afrique qu’elles se sont institutionnalisées, on va jusqu’à l’évocation de la culture pour éviter l’application des lois ! Parmi les causes du sous-développement du continent, le non-respect des lois occupe une place de choix. Au fil des ans, les états se sont dotés des meilleures législations pour promouvoir le bien être des peuples, l’élite, à cause des défis qui s’amoncèlent, n’a d’autre choix que d’appliquer sans état d’âme ses dispositions pour le salut de tous. Toute autre alternative ne fera qu’attiser la violence et approfondir le fossé entre les composantes de la population.
La rédaction
source: LA RELANCE
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