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Pendant que  le Premier ministre s’activait  pour réunir les 25 membres de son équipe, le BVG publiait sur les réseaux sociaux le rapport individuel de vérification. Cette  troublante coïncidence, si elle en était une, suscite des interrogations.  En publiant les rapports individuels de vérification, le BVG  cherche-t-il à faire bonne impression auprès des nouvelles autorités ou fait-il simplement un  chantage qui ne dit pas son nom ? C’est la question que l’on peut se poser au regard des opportunités  qu’offre la transition aux cadres sans coloration politique avérée.

En effet, après la chute du régime IBK, la nature de la future transition fut au cœur d’une polémique au sein de l’opinion nationale dont une majorité souhaitait une transition exclusivement militaire, à défaut  il faut la confier à une équipe civile apolitique. Ce désaveu des hommes politiques qui ne souffrait l’ombre d’aucun doute a fait germer dans l’esprit de bon nombre de cadres en disgrâce et ceux ayant des ambitions d’un essor personnel qui n’avaient aucune coloration politique affichée. C’est ainsi que bon nombre d’entre eux ont pris d’assaut les réseaux sociaux et autres médias pour se signaler au bon souvenir des nouvelles autorités.

En conseillers éclairés ou donneurs de leçons, voire dénonciateurs, chacun s’est évertué à se présenter avec le secret espoir d’avoir une promotion auprès des nouvelles autorités. La publication du rapport individuel de vérification obéit-elle à cette dynamique ? En tous les cas, cette publication ne rehaussera pas l’image du BVG dont les actions ont plus servi à jeter en pâture des cadres et des fonctionnaires qu’à affaiblir la corruption et les indélicatesses  dont souffre de plus le pays.

Crée en  2004 pour lutter contre la corruption et le détournement du denier public, le Bureau du Vérificateur Général et d’autres que l’on peut considérer comme l’une des dernières-nées des autorités indépendantes de la troisième république a surtout excellé dans la production de rapports sans effet sur la vie de la nation. La gestion réservée aux nombreux rapports du BVG lui a donné l’image d’une institution de prestige  et mieux un outil de pression aux mains des plus hautes autorités. La publication des rapports sur les réseaux sociaux et dans les médias renforce cette image collée à juste raison sur le BVG et d’autres structures de contrôle et de vérification. Coûtant des millions de francs par mois, le BVG  aurait gagné en mettant à profit la dynamique de changement qui prévaut dans le pays pour faire sa mue au lieu de persister sur une stratégie qui a montré ses limites. A la limite de la légalité, la publication des rapports sur les réseaux qui fait passer les présumés comme des coupables aux yeux de la population est sans nul doute une violation de  la présomption d’innocence qui jusqu’ici n’a réussi qu’à nuire à la réputation des cadres et personnalités dont la culpabilité reste à établir par la justice.

En cette période ou l’ensemble les Maliens  sont résolument engagé dans la construction du Mali nouveau, le BVG devait plutôt faire un plaidoyer auprès des nouvelles autorités  pour ses nombreux rapports en souffrance dans les rouages de l’administration en lieu et place de la publication des rapports qui ne revêt que peu d’intérêt pour le grand public. Le Mali nouveau, c’est d’abord et surtout une rupture avec les anciennes pratiques.

Bouba Sankaré           

Source: LE FORUM