Les organes de la transition installés: Place maintenant aux actes !
« …Oui il ne faut pas avoir peur des mots : le Mali est ébranlé, piétiné, humilié. Ebranlé, affaibli, humilié par ses propres enfants, par nous-mêmes, par personne d’autres que nous-mêmes… ».
Ce morceau de passage choisi dans le discours d’investiture du président de la transition, Bah N’Daw, lors de la cérémonie de prestation de serment a le mérite de poser un diagnostic qu’on ne peut plus clair sur du mal dont souffre le Mali depuis plusieurs décennies et répond à ceux d’entre nous qui cherchent frénétiquement depuis des années un bouc émissaire qui serait à l’origine de tous nos maux. Le seul ennemi du Mali, c’est nous-mêmes, ses propres enfants qui ont tronqué l’action contre les incantations pour exorciser le mal qui ronge le pays : La désunion.
Malgré les multiples désillusions subies par le peuple aux lendemains des circonstances similaires, le président de la transition a séduit plus d’un avec son discours qui, contrairement à ceux habituellement servis au peuple, a dressé un tableau peu reluisant l’état de la nation et situer les responsabilités sans complaisance. Précédé par sa réputation de patriote intègre, rigoureux dont la probité et la franchise ne souffrent de l’ombre d’aucun doute, Bah N’Daw cristallise désormais l’espoir de tout un peuple éprouvé par les nombreuses conséquences de la mauvaise gouvernance avec son cortège d’indélicatesses de tous genres. Le ton du discours et les objectifs que le colonel major à la retraite et non moindre éphémère ministre de la défense d’IBK s’est fixé justifient amplement la renaissance de l’espoir de l’avènement d’un nouveau Mali résolu à aller de l’avant avec de nouvelles provisions débarrassé à jamais de l’imposture et de l’impunité. Et, c’est à juste titre qu’il dira : « Pour cela, il nous faudra sans délai mener une réflexion profonde sur les tares de nos processus électoraux et ce, à l’effet de nous doter de bons textes, de bonnes pratiques, des solides contre- pouvoirs, car ce sont ceux-là la force de toutes démocraties ».
Au nom du peuple Malien qui ne saurait être privé de ses choix, au nom de la vérité des urnes qui doit être la seule norme en démocratie, je combattrai sans concession, les scrutins aux coûts astronomiques, l’incursion de l’administration dans le processus électoral, la perversion des résultats pour les cours d’arbitrages… » Et de poursuivre : « … Gérer des ressources optimales au niveau national n’est pas un luxe. C’est une exigence et celles-ci passent par l’utilisation judicieuse de nos maigres deniers publics. Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé de manière traçable et raisonnable avec tous les sacrifices que cela comporte en termes de mesures systémiques et de répressions de crimes et délits économiques… »
Evoquant la crise sécuritaire qui secoue le pays depuis plus d’une décennie, Bah N’Daw préconise l’usage du bâton et de la carotte. « Les demi victoires ne suffisent plus pour les vaincre. Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là ou celle-ci est nécessaire, mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête ».
Après avoir incontestablement gagné le cœur des Maliennes et Maliens, le président de la transition doit maintenant convaincre une opinion nationale longtemps abusée par les gouvernants précédents en s’attaquant sans délai aux sentiers et objectifs qu’il s’est assigné. Dans le Mali nouveau, on ne jugera désormais que par les actes !
Bouba Sankaré
Source: LE FORUM
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