Un haut représentant du président pour le centre :Une décision ambiguë !
En réponse aux attaques meurtrières perpétrées dans le centre de notre pays, le président de la république, Ibrahim Boubacar Keita, a nommé un haut représentant sans doute pour optimiser la gestion de la crise sécuritaire dans les régions les plus marquées par la menace croissante des ennemis de la paix.
Cette pratique qui n’est pas la première du genre n’a pas manqué de soulever une polémique au sein de l’opinion nationale dont une bonne partie ne fait pas mystère de son scepticisme. Un scepticisme qui se justifie en partie par le choix de la personnalité promu au poste en la personne de l’ancien président Dioncounda Traoré dont le seul bon souvenir est l’organisation des élections de 2013. L’implication suspecte de la France à travers Serval puis Barkhane et la présence de la Minusma qui sont au cœur d’une vaste polémique, est attribuée à Dioncounda Traoré. Aux yeux de beaucoup de Maliens, il est l’homme qui a imposé au pays des présences incommodantes ayant peu d’influence sur la crise sécuritaire. Le promu a certes des atouts, mais l’opinion négative qui pèse sur lui est facteur d’inquiétude pour la pleine réussite de sa mission.
C’est donc à juste raison que l’opinion nationale a réservé un accueil mitigé à la nomination de Dioncounda Traoré comme haut représentant du président de la république pour les régions du centre. S’inscrivant dans le cadre des efforts fournis par les plus hautes autorités du pays, cette initiale suscite interrogation et polémique au sein de l’opinion nationale qui doute de l’opportunité d’une telle mesure. Que peut réellement apporter un haut représentant dans la gestion de la crise sécuritaire qui sévit dans le centre ? Quel pouvoir dispose-t-il dans l’exercice de sa fonction ? Ce sont là quelques questions soulevées par la nomination du haut représentant.
Dans un passé récent, le président Ibrahim Boubacar Keita a eu recours à cette mesure notamment dans le processus des négociations des Accords pour la paix en Algérie sans qu’on puisse savoir son rôle exact et son apport dans le document final qui fait aujourd’hui l’objet de beaucoup de critiques. Il a d’ailleurs été retiré avant la fin du processus et nommé comme premier ministre à l’époque ! Le président cherche-t- il à se débarrasser des dossiers brûlants ou au contraire veut-il accroitre son implication dans la gestion de ceux-ci en nommant des interlocuteurs directs ? En attendant la divulgation de l’étendue des pouvoirs et la nature de la mission du haut représentant du président de la république dans le centre du pays, on ne peut privilégier aucune des deux hypothèses. Cependant, cette initiative a le mérite de rallonger la liste des outils dans la lutte contre l’insécurité qui n’ont pas encore produit les effets escomptés.
Bouba Sankaré
Source:Le FORUM
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