Du 22 septembre 1960 au 22 septembre 2018 : Des propos d’auto satisfaction au relent de déni !
Ce samedi, 22 septembre 2018, le Mali a soufflé sur les 58 bougies de sa souveraineté. Contrairement aux années précédentes, ce 58ème anniversaire a renoué avec les festivités. Défilé et parades militaires étaient au rendez-vous. Et même le ciel a retrouvé des couleurs avec les avions qui l’avaient déserté depuis de nombreuses années. Signe d’un Mali qui rompt avec les célébrations modestes pour cause de crise multiforme ? Le prochain anniversaire nous édifiera. Cependant, le retour des défilés et le bruit des avions au-dessus de nos têtes est un signe d’espoir. Espoir d’un retour du pays dans le concert des nations grâce aux efforts consentis par l’ensemble du peuple et de ses dirigeants. Pour autant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Des progrès, il y en a, mais il reste encore beaucoup à faire pour que le Mali retrouve son lustre d’antan. Ce 58èm anniversaire offre l’opportunité de porter un regard critique sur le parcours de ce pays issu des grands empires du Manden dont le peuple n’a jamais douté de l’avènement d’un Mali prospère. Si le début de l’édification d’une nation prospère a été prometteur, le parcours jalonné de coup d’Etat et la multiplication des défis tant sur le plan politique que sur le plan économique a fortement influé sur le destin du pays. Au-delà des propos triomphalistes, le recul du pays dans de nombreux domaines est palpable et ne doivent pas faire l’objet de spéculations politiques ou partisan. Pour celui qui a connu ce pays avant Mars 91, le contraste est saisissant. Jusqu’en 1989, nul n’avait besoin d’escorte militaire pour se rendre dans une localité du Mali. Défilé militaire et parades d’avions de chasse dans le ciel national lors des évènements majeurs étaient un spectacle ordinaire. En ce temps, la grande armée du Mali, pétrie des valeurs de bravoure, de patriotisme, d’humilité et de discipline se confondait au peuple tout en le veillant avec dévouement. Les cadres et responsables convaincus de la noblesse de leur tâche servaient le pays et veillaient aux intérêts supérieurs de la nation. L’école était sous-tendue par une saine concurrence pour l’excellence. Qu’est qui reste de tout cela ?
58 ans après, l’ensemble de la population doit avec lucidité, comparer le Mali d’avant et celui d’aujourd’hui au lieu de s’abriter dans un sentiment d’auto satisfaction au relent de déni. Aujourd’hui, c’est un Mali qui se bat pour retrouver les acquis d’un passé récent. Une école studieuse et performante, une administration au service du pays, la sécurité des personnes et de leurs biens, le pouvoir de se déplacer sur l’étendue du territoire sans Escort bref, un Etat qui assure ses fonctions régaliens et qui rassure par ses projets. Sommes toutes des choses ordinaires qui sont devenu de nos jours des denrées qui valent leur pesant d’or. Malgré le recul du pays, les responsables politiques, pour la plupart acteurs et témoins de cette période, tentent de faire croire que le Mali avance, comme si elle a toujours vécu dans une crise multiforme. En regardant dans le rétroviseur, on se rendra compte que le pays a connu des jours meilleurs ne serait-ce que sur le plan sécuritaire et du civisme.
Bouba Sankaré
Source: Le FORUM
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