Célébration de la journée de l’aviation civile internationale : Des entraves liées au développement du secteur passées au crible
Le Mali a célébrée la journée de l’aviation civile internationale. C’était le 7 décembre 2018 à travers une conférence-débat sur le thème «travailler ensemble pour qu’aucun pays ne soit laissé à la traine ».
Ce thème se justifie par l’importance du thème international à savoir «travailler ensemble pour qu’aucun pays ne soit laissé à la traine ». La célébration de cette journée a eu lieu dans la salle de conférences Moussa Maïga de l’Agence nationale de l’Aviation Civile (ANAC) sous la présidence de son directeur général adjoint, Mahamadou Diarra.
Si la répétition est pédagogique, le thème retenu pour cette année pour célébrer la dite journée demeure beaucoup d’actualité, selon les organisateurs, était le même thème en 2017.
L’objectif de perpétuer le choix du thème est de transmettre les messages à l’opinion publique et internationale au cours de la célébration sur les acquis de réalisation de l’aviation civile et de son rôle dans le développement économique et social.
Au nom du directeur général de l’ANAC, Mamadou Diarra a souhaité la bienvenue aux participants venus nombreux et aux responsables des structures de la plateforme aéroportuaire du Mali.
Selon lui, 52 Etats se sont réunis à Chicago le 7 décembre 1944 créèrent l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale. Elle a été créée dans le but de planifier, a rappelé le DGA, Mamadou Diarra, de participer à l’élaboration des normes qui permettent la centralisation des plateformes aéronautiques internationales. De 1944 à 2018, l’OACI l’institution spécialisée des Nations Unies compte 192 membres et figure comme une référence dans le domaine du transport aérien à servir l’humanité toute entière, a-t-il souligné. « En 1961, les premières heures de son indépendance le Mali entend apporter sa contribution dans le développement harmonieux de l’aviation civile devenant membre et jusqu’en 1996, à l’initiative de l’Organisation, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une résolution la journée du 7 décembre, date de sa création comme journée de l’aviation civile internationale », a fait savoir le DGA de l’ANAC. Ce qui justifie la célébration de cette journée, a poursuivi Mamadou Diarra.
En rappelant le thème, il dira que l’aviation civile devient de plus en plus la cible d’actes d’interventions illicites qui annihilent son développement si les mesures à leur encontre ne seront prises. « L’OACI en général et le Mali en particulier n’épargnera aucun effort pour maintenir le niveau de sûreté acceptable dans les aéroports internationaux. Aujourd’hui grâce aux efforts des acteurs et de l’OACI, le transport aérien est le moyen de transport le plus sûr en atteste les chiffres de l’année 2017, a en croire la deuxième personnalité de l’ANAC qui a enregistré dix accidents ayant provoqué la mort de 44 personnes selon les statistiques officielles », a-t-il appuyé.
Il a salué les efforts déployés au niveau national par les acteurs du secteur et les hautes autorités du pays dans le cadre du transport aérien. Il a exhorté les exploitants et les usagers à doubler d’efforts pour relever les nombreux défis du vingt unième siècle et assurer un développement harmonieux en travaillant à accroitre le niveau de la sécurité et de la sûreté de l’aviation civile.
Plusieurs maux qui entravent le développement futur du secteur aéronautique ont été abordés au cours de la conférence-débat. Des exposés sur la présentation du domaine aéroportuaire de l’aéroport international du Président Modibo Keita Sénou et la sûreté de l’aviation civile ont été faits par deux experts. Il s’agit Mohamed Moustapha Diallo, chef de service qualité à l’Aéroport du Mali et Arnauld Laud de l’Association Malienne des Exploitants d’Aviation Générale, crée le 15 avril 2015)
Selon l’expert Diallo, les 794.000 hectares de l’AIPMKS repartis en 12 zones sont menacés d’occupations illicites. Il a principalement exposé sur l’état des lieux après une large présentation du domaine aéroportuaire du Mali qui relève du domaine public de l’Etat. L’impunité généralisée, a regretté Mohamed Moustapha Diallo, demeure la proie de toutes sortes d’occupation qui sont des bornes endommagées ou utilisées, dépotoirs, les cultivateurs des champs, déversoir, lotissement, constructions. Il a appuyé ses dires par des images comme celles de la mosquée de Niamakoro Diallobougou, du siège d’une association, des garages, les occupations illicites vers Sirakoro Meguetan et Guana. « Tout ceci n’est qu’un bout de l’iceberg en parlant des occupations des zones aéroportuaires », déclare-t- il.
Il a évoqué d’autres problèmes non moindres environnementaux et économiques notamment les pertes de revenu pour l’aviation civile, les manques à gagner pour faire baisser le coût du transport aérien, la diminution de la desserte du Mali par les compagnies aériennes.
Il a cité d’autres aspects notamment sécuritaires liés aux occupations des zones aéroportuaires avec leurs conséquences incalculables (aggravation d’accidents d’avion). Ce domaine public de l’Etat classé zone aéroportuaire par le décret N°99-52 portant classification de la zone aéroportuaire du Mali et définit la surface qu’on tente de protéger par l’arrêté interministériel qui précise la gestion et la conservation conformément au plan sectoriel par les deux ministres en charge de l’urbanisme et de celui de l’aviation civile, a-t-il ajouté. « Si nous baissons de garde face à la lutte contre les occupations illicites, l’aéroport international du Président Modibo Keita pourra se déplacer à nouveau comme en rappelle en 1975, l’aéroport du Mali a été contraint de se déplacer à Sénou depuis Hamdallaye », a-t-il annoncé. En 2018, la même problématique apparait une cause du déplacement, selon le responsable du service qualité de l’AIPMKS. Il a cité les exemples concrets du Sénégal qui a coûté plus 280 milliards, Burkina Faso en phase d’étude de déplacement de son aéroport estimé au même montant et Libreville du Gabon a été contraint au même scénario.
Les participants ont salué la lettre du premier ministre envoyée aux autorités administratives et politiques concernées de surseoir à toute création de nouveaux titres ou documents dans la zone comme une alternative en attendant de voir au clair face à l’impunité qui entoure la gestion du domaine aéroportuaire du Mali et souhaitent que cela soit un début dans la rigueur enclenchée contre la pratique de l’occupation illicite qui guette dangereusement vis-à-vis de l’avenir de l’aéroport international président Modibo hypothéqué.
Le second intervenant, Arnauld Laud, a exposé principalement sur les normes de la sûreté à respecter et l’impact des occupations illicites et leurs conséquences sur le certificat d’exploitation aéroportuaire, le développement et des normes de sûreté.
Les activités de la célébration de la journée de l’aviation civile internationale de cette année ont été sanctionnées par une visite guidée des élèves du lycée le Progrès et du lycée Sacré Cœur dans les locaux de la Tour de contrôle, du Centre Délégué d’Information en Vols, à MAC et à l’aérogare de l’Aéroport international Modibo Kéïta Senou.
Mamadou Diarra, Directeur général Adjoint de l’ANAC
« Il faut préserver le domaine aéroportuaire pour éviter un éventuel déplacement de l’aéroport»
En marge de la conférence-débat dans le cadre de la célébration de la journée de l’aviation civile internationale, Mamadou Diarra, a accordé une interview accordée à la presse. Il revient sur cette célébration, l’une des recommandations de l’organisation de l’aviation civile internationale.
A la question de savoir quel intérêt pour l’Anac en célébrant cette journée, Mamadou Diarra rappelle qu’elle est l’une des recommandations également de l’Organisation faitière internationale en concert avec les autres acteurs du secteur. Selon lui, il s’agit de débattre sur les thèmes retenus et adaptés pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale par rapport au respect des normes et mesures de sécurité. « Si la célébration a été instituée au niveau international, l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) recommande aux Etats membres de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur le rôle que joue l’aviation civile dans le développement socio et économique des pays », a-t-il souligné.
Cette célébration est il un moyen pour l’anac d’étaler ses difficultés et ses avantages à l’opinion nationale ? Il répond par affirmatif.
Selon lui, la sûreté et la certification de l’aéroport dont tourne principalement le thème choisi sont menacées par les occupations illicites aujourd’hui dans notre pays.
Les usagers d’avion doivent respecter les règles de sûreté qui sont établies à l’aéroport. Il s’agit, selon lui, de se soumettre aux fouilles, au contrôle des passagers par les équipements et respecter les normes au niveau du domaine aéroportuaire, en mettant l’accent sur la protection. Il conseille d’éviter de déverser des déchets solides et liquides, préserver le domaine aéroportuaire pour éviter un éventuel déplacement de l’aéroport car la sûreté de l’aviation dépend de la protection et l’environnement aéroportuaire.
Salif Goita, représentant de l’ASECNA au Mali
« La décision du maire est-elle au dessus d’un décret ?»
Le représentant de l’ASECNA auprès de la République du Mali, Salif Goita, connu pour son franc-parler, figure parmi les acteurs pionniers de l’aéronautique du Mali qui a participé à la conférence-débat dans le cadre de la célébration de la journée de l’aviation civile internationale au siège de l’ANAC.
Les questions et réponses entre les exposants panelistes et l’assistance ont permis des échanges jadis fructueux sur les principales préoccupations autour des occupations illicites du domaine aéroportuaire.
Sans langue de bois, le représentant de l’ASECNA, Salif Goita, est sorti de sa réserve en critiquant les collectivités, principales responsables des occupations illicites. Il s’étonne de constater qu’au Mali «une décision du maire est au dessus d’un décret ou une loi votée par l’Assemblée Nationale».
Face aux occupations illicites du domaine aéroportuaire, le gouvernement demeure, dit-il, impuissant. Il déplore malheureusement que le vin est tiré et qu’on va boire obligatoirement, ainsi expose-t- il pour comparer le niveau d’occupations illicites par rapport à l’impunité généralisée dans la lutte contre la pratique qui exige aujourd’hui une intervention sans faille pour sauver le domaine aéroportuaire. Mais comment aller de l’avant ?, s’interroge t-il.
A la question de savoir la lutte qu’on ne cesse de mener dure plus longtemps malgré l’existence de plusieurs projets de textes pour sauver le domaine aéroportuaire du Mali. En appréciant à sa juste valeur la qualité de la brève présentation du domaine aéroportuaire de l’AIPMKS et l’état des lieux d’occupations illicites par Mohamed Diallo, paneliste souhaiterait que celle-là soit faite devant nos plus hautes autorités du pays. Il lui a remercié pour la qualité de l’exposé.
La préservation du domaine y va de la sûreté de l’aviation, mais c’est nous qui avons failli à notre mission en parlant de la génération actuelle car l’avenir des générations futures est hypothéqué avec cette menace d’occupation à la hauteur d’inquiétude aujourd’hui. Il a rappelé que c’est la même problématique qui avait justifié le déplacement de l’aéroport d’Hamdallaye à Senou, il y a seulement 43 ans seulement. « Nous ne pouvons dire que c’est nous qui avons failli à notre mission c’est une honte pour notre génération», a-t-il déclaré. Car « une décision de certains maires, nous avons été incapables de remettre en cause », s’est il fendu.
Il lève le doute concernant un éventuel déplacement au Mali selon des sources ne serait pas loin de Bougouni, l’on ne pourra plus avoir d’un tel espace (la dimension du domaine aéroportuaire estimé à 794.000 hectares aujourd’hui à Sénou) sans toucher le domaine de n’importe qui.
Pour lui, il s’avère nécessaire une intervention solide au prix seulement de libérer le domaine aéroportuaire. En Europe ces aéroports qu’on voit non loin des maisons, à une certaine distance sont toutes insonorisés. Car pour lui, il ne s’agit pas qu’un accident se produit pour avoir des effets collatéraux le bruit seulement de l’avion impacte beaucoup sur la santé d’un enfant.
S’ajoute la version d’une source crédible « chaque fois qu’il y a dégât d’avion, chacun des ayants droits de victime empoche principalement 80 millions en termes d’indemnisation imputable strictement aux frais de celui qui serait l’auteur de l’incident ».
La question qu’on se pose la décision d’un maire peut il être au dessus d’un décret ou une loi votée par l’Assemblée Nationale? En attendant la réponse, l’Etat est interpellé à ses responsabilités, a-t-il conclu Salif Goita.
Abdoulaye Diarra
Source:FORUM
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