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Empêtrée dans une affaire juridique avec  son ex compagnon Belge pour la garde  de sa fille de 4 ans, l’artiste malienne Rokia Traoré est aux arrêts en France depuis plusieurs jours en attendant son extradition vers la Belgique.

Accusée d’enlèvement  et  de séquestration et prise d’otage sur la personne de son enfant, l’artiste a lancé un cri de cœur à travers les réseaux pour alerter l’opinion publique. La nature et  la formulation de l’accusation qui pèse sur Rokia Traoré suscite des interrogations. Est-elle victime du choc de culture ou tout simplement d’une cabale judicaire ? L’occident ne ferait-il pas la distinction entre une mère qui s’accroche à son enfant et un criminel preneur d’otage ? A travers cette lettre, l’artiste révèle au monde le drame qui consume à petit feu la vie une mère qui souhaite garder son enfant dont une décision judiciaire avait confié la garde exclusive à son père malgré le soupçon d’attachement à caractère sexuel qui pèse sur ce dernier.

Au-delà de l’émotion qu’elle soulève, cette situation qui survient à la suite des séparations sur fond de dissension  révèle  les limites de la justice des hommes  face à la douleur humaine et la manière de les panser. Doit-on priver une femme ou un homme de sa progéniture au nom de la protection du droit de  l’enfant ? En accordant la garde exclusive à l’un ou l’autre parent, la justice s’arroge le droit exclusif de décider de ce qui est mieux pour les victimes comme si l’objet du contentieux n’était qu’une marchandise.

Pour décider de l’avenir d’un enfant, la justice des hommes s’appuie exclusivement sur des valeurs matérielles au détriment de valeurs sentimentales que celui-ci représente pour ses deux géniteurs pour trancher en faveur de celui qui répond aux critères préétablis. Sauf cas de force majeure, tous enfants méritent de profiter de ses deux parents qu’ils soient sous le même toit ou à des endroits différents. Pour Rokia Traoré, son seul tort est d’être une artiste de renom qui voyage beaucoup dans le cadre de ses activités.  Ce qui fait d’elle une mauvaise mère. Au regard de la détermination de la justice belge à exécuter la décision de justice qui accorde la garde exclusif de l’enfant à l’ex-compagnon de Rokia Traoré, on résisterait difficilement à la tentation de conclure par une cabale contre l’artiste dont la plainte pour attouchement ne fait pas l’objet d’un examen  particulier. La perspective de livrer un enfant à un père soupçonné d’attouchement est suffisamment sérieux pour que la machine judicaire belge face machine arrière afin d’examiner, d’éclairer l’opinion  et rassurer une mère dont le seul souci est la protection de sa fille.

En  attendant l’épilogue du drame qui frappe l’artiste malienne, le gouvernement du Mali et l’opinion publique malienne lui assure un soutien indéfectible.

Bouba Sankaré

Source:Le FORUM