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Les autorités françaises ont interdit la manifestation des gilets jaunes sur les Champs-Elysées. Ces derniers ont bravé cette interdiction. Plusieurs arrestations et surtout l’explosion d’une remorque de chantier, lors de la manifestation. 

Comparons maintenant avec une situation en Afrique. L’avenue des Champs-Elysées, c’est un peu comme le boulevard de la République à Abidjan, la place de l’Indépendance à Dakar, le boulevard Kwamé N’Nkrumah à Ouaga. Alors que se serait-il passé si une telle manifestation interdite à de tels endroits, avait quand même lieu, en Afrique ?

Il y a deux cas. D’un les autorités auraient tout de suite accusé les manifestants de vouloir opérer un coup d’Etat, pour ainsi justifier des dizaines, voire des centaines de morts, y compris parmi des gens particulièrement bien visés, n’ayant pas effectué le déplacement à ladite manifestation.

De deux : des forces d’opposition et/ou militaires auraient profité de la mobilisation, pour tenter de renverser le pouvoir.

Mais pourquoi personne ne parle de coup d’Etat en France ? Pour une raison simple : les institutions fonctionnent. Aussi simple que ça. D’abord, aucun média crédible n’ouvrirait ses antennes au premier péquenaud qui se pointerait, pour lire une déclaration de prise de pouvoir. Ensuite, même si cela se ferait, dans un scénario improbable, aucune entité ne ferait allégeance à un tel individu ou à son groupe. Bien au contraire. Toutes les forces régaliennes, sans chercher l’autorisation préalable du Président, déclencheraient leur processus, pour arrêter (au propre comme au figuré) la plaisanterie de mauvais goût du péquenaud et de son groupe.

Morale de l’histoire : quand on demande à des chefs d’Etat africains de construire des institutions fortes, ils croient béatement que c’est pour fragiliser leur pouvoir. Non, c’est surtout pour le renforcer. Parce que quand un seul individu concentre tous les pouvoirs réels, il se croit fort. Il n’a pas tort tant que cela fonctionne. Mais il suffit d’un incident inattendu pour que tout lui échappe. Et c’est dommage comme ils ne voient pas les choses ainsi. Dommage pour eux-mêmes et pour leurs peuples qu’ils maintiennent ainsi depuis les indépendances, dans l’autocratie !

André Konan, analyste politique

Source: FORUM